En 2022, le pays le plus peuplé au monde a vu sa population décroître pour la première fois depuis soixante et un an, mais le sujet est largement nié par les autorités. Le pays fait face à la fois à des défis géostratégiques, des déséquilibres économiques et des problèmes sociaux considérables. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la Chine, dirigée par un bientôt septuagénaire qui entend bien rester encore dix ou quinze ans au pouvoir. Mais si le régime se crispe, cela risque de ne pas en être une non plus pour le reste du monde.
XI Jinping
La répression et la censure n’ont pas encore eu raison de la colère du peuple chinois face à la rigidité de Pékin. Une stratégie qui, loin de confirmer la mainmise du président Xi Jinping sur le pays, l’affaiblit.
En un peu plus de deux mois, deux mouvements de masse spontanés sont venus bousculer deux régimes totalitaires. La Chine et l’Iran sont deux pays très différents, au-delà de l’autoritarisme, et pourtant il y a de nombreux points communs dans ces deux soulèvements. Entre l’Iran et la Chine, deux pays très différents, il faut comparer les mouvements spontanés en cours pour comprendre comment naissent les révolutions quand il n’y a aucun espace politique. Dans les deux cas, les jeunes sont en première ligne.
Des dizaines de manifestations ont eu lieu ce weekend en Chine, pour protester contre les restrictions anti-Covid, mais aussi, souvent, conspuer le président Xi Jinping. Un défi inattendu pour le pouvoir enfermé dans sa stratégie de « zero Covid ».Personne n’avait vu venir cette crise. Certainement pas Xi Jinping, qui sort d’un 20ème Congrès du Parti communiste chinois triomphal, qui lui a permis de verrouiller son pouvoir à la tête de la Chine.
Pour les pays occidentaux, le risque est grand de bientôt se retrouver face à une Chine plus arrogante diplomatiquement, plus offensive militairement, moins ouverte économiquement et repliée sur elle-même idéologiquement.
Nul ne sait combien de temps le président chinois, qui devrait obtenir un troisième mandat et renforcer encore son pouvoir lors du 20ᵉ congrès du PCC, compte rester à la tête du pays. Une incertitude profondément malsaine alors que la Chine doit faire face à des défis majeurs.
Xi Jinping sera reconduit pour un troisième mandat de cinq ans à la tête du Parti et de la Chine, à un moment de forte perturbation, à la fois diplomatique, économique, politique, sanitaire. Le leader chinois a sa part de responsabilité dans ces tensions.
Ne pas se ranger du côté des États-Unis, ni apporter de soutien inconditionnel à Moscou… L’invasion russe de l’Ukraine ne facilite pas la position de Pékin.La tournure prise par le conflit en Ukraine ne peut qu’étonner les dirigeants chinois. Vladimir Poutine les avait prévenus de l’attaque qu’il allait lancer contre l’Ukraine lorsqu’il est venu à Pékin, le 4 février, à l’occasion du lancement des Jeux olympiques d’hiver. Mais il était probablement évident pour le président russe qu’elle devait s’achever victorieusement en quelques jours.
La visibilité publique de Xi Jinping, mesurée par le nombre d’apparitions en première page des médias officiels chinois sur un an, vient de dépasser celle de Mao pendant la Révolution culturelle… Mais connaît-on vraiment Xi ? Le culte de Xi a atteint ce qui semble être son apogée, et il n’est plus envisageable qu’il cède le pouvoir.
Les bases d’une cohabitation pacifique des deux puissances chinoise et américaine n’existent plus. Jusqu’ici, la Chine ne remettait pas en cause le leadership mondial des États-Unis et ces derniers ne s’intéressaient pas à la nature du régime chinois. Aujourd’hui, Pékin revendique la première place mondiale et Washington ne cesse de mettre en avant le caractère autoritaire et dictatorial du régime.
La puissance chinoise continue de grandir de jours en jours et interroge quant à son avenir, ses limites mais également ses faiblesses. Les enjeux sont nombreux et les questions essentielles afin de saisir les contours des relations internationales actuelles et futures. Emmanuel Lincot, sinologue, et Emmanuel Véron, enseignant-chercheur, expliquent en quoi la puissance chinoise est si particulière
Xi Jinping multiplie les allusions à une prochaine « réunification » entre son pays et l’île, séparée politiquement depuis 1949. Une agression chinoise sur Taipei risquerait de déclencher un conflit direct avec les Etats-Unis.