« L’idéologie woke, ou le wokisme, est ce qualificatif péjoratif ne reposant sur aucun fondement sérieux, mais qui permet de disqualifier comme un tout l’ensemble des forces contestataires issues des minorités ou des populations minorisées. Ce terme a notamment été intensément utilisé en France pour tenter de faire taire certains courants critiques au sein de la recherche en sciences humaines et sociales, portant notamment sur les questions de genre, d’identité sexuelle, de discrimination fondée sur l’appartenance religieuse, ethnique, etc. »
Wokisme
Les détracteurs français du wokisme, du moins ceux qui se disent encore appartenir au camp progressiste, devraient donc se réjouir que notre Occident fatigué, et peut-être presque en fin de course, puisse encore produire des idées qui font trembler les ennemis des droits et des libertés.
Beaucoup, notamment à droite, regrettent l’avènement du « wokisme » et de ses méthodes dans le débat public. Issu du terme anglo-saxon « woke » (« éveillé ») il engloberait de nombreuses luttes décoloniales, néo-féministes ou en faveur de minorités. Mais le « wokisme » existe-t-il vraiment, ou est-il un fantasme de la droite conservatrice ?
Professeure de science politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Frédérique Matonti publie Comment sommes-nous devenus réacs ? (Fayard, novembre 2021), essai dans lequel elle montre comment le débat public est passé d’une dominante « rouge » à « brune » en moins de quarante ans, avec nombre de voix de gauche reprenant les thèmes naguère réservés à la seule extrême-droite. Entretien.
C’est le nouveau terme à la mode. Le « wokisme » est devenu l’argument préféré de la droite pour disqualifier ses adversaires de gauche. Il s’est même invité à la présidentielle française.
L’usage du mot « wokisme » vise à disqualifier son adversaire, mais aussi à entretenir un déni : l’absence de volonté politique à prendre au sérieux les demandes d’égalité, de justice, de respect des droits humains.