Si l’opportunité du débat peut être défendue, la question est de savoir si le parlement va pouvoir organiser un débat de qualité. Inutile de vous faire une longue démonstration, la qualité du débat se dégrade au cours des mois, la tension monte dans la société, la manifestation de ce dimanche l’a encore prouvé.
Vaccin
Le parlement va donc s’emparer du débat sur la vaccination obligatoire. Dans le même temps, le commissaire corona Pedro Facon remet un rapport au gouvernement dans lequel il prône un passe vaccinal plutôt que l’obligation. Quelles sont les valeurs ou les principes en jeu entre l’obligation et le pass vaccinal. Au-delà de la nécessité ou des réalités épidémiologiques, quelles sont les logiques éthiques à l’œuvre derrière les deux formules ?
Dans la presse, certains soignants ont récemment témoigné de leur manque d’empathie vis-à-vis de leurs patients non vaccinés. Des déclarations qui ont choqué Philippe Steemans, maître de recherche au FNRS et à l’ULiège. Un cancéreux sera-t-il moins bien soigné parce qu’il fume ? Non à l' »empathie à géométrie variable », estime-t-il.
L’enjeu ici c’est de savoir si on sacralise l’enfant comme un individu, ou si on le considère comme faisant partie d’une communauté. Vaste débat entre liberté individuelle et liberté collective qui nous poursuit depuis près de deux ans. Pour les philosophes c’est un débat passionnant, pour les politiques c’est un débat à haut risque.
La première question à trancher, c’est de savoir ce qui est le plus intéressant pour nous protéger collectivement ? Vacciner les enfants ou utiliser ces doses pour vacciner dans d’autres pays, plus pauvres qui n’ont pas accès aux vaccins. Il y a une question de solidarité là derrière. Comment allouer au mieux la ressource vaccinale pour sauver le plus de vie ?
La tentation d’en faire toujours plus pourrait avoir des effets délétères sur la gestion mondiale de la pandémie. Cette recommandation visant à limiter la dose de rappel à certaines populations à haut risque est entérinée par une tribune parue le 13 septembre dernier dans The Lancet et signée par plusieurs grands noms d’experts en épidémiologie et santé publique, souvent proches ou membres de l’Organisation mondiale de la santé. Pour eux, les données disponibles à ce jour ne plaident pas pour la nécessité d’une troisième dose en population générale de moins de 65 ans. En effet, les vaccins offrent une protection qui n’a pas varié contre les formes graves chez les personnes jeunes et en bonne santé, l’administration d’un booster n’est alors pas justifiée dans ces cas.
« Une équipe de 11 millions de Belges pour vaincre le coronavirus ! » La campagne « néo-belgicaine » lancée par le tout nouveau gouvernement fédéral en novembre 2020, le Premier ministre De Croo en tête. La Flandre de Jambon et De Wever grinçait des dents. Il s’agissait alors de « motiver et informer ». 10 mois, plus tard, il s’agit plutôt d’engueuler ! Au nom de tous les vaccinés, le Premier fédéral et le Premier wallon font les gros yeux aux non-vaccinés. Un peu comme les vaccinés reprochent aux non-vaccinés de les empêcher de vivre « normalement ».
Comme nous l’avons appris au cours des 18 derniers mois, la santé mondiale est un bien public mondial. Tant que la maladie fait rage dans certaines parties du monde, le risque d’une mutation plus létale, plus contagieuse et plus résistante au vaccin augmente.