Le gouvernement fédéral est-il en mesure de contrarier les plans d’un grand groupe comme Delhaize ? À l’évidence la réponse est non. Depuis des semaines le conflit s’enlise entre une direction qui suit sa feuille de route, avec le passage sous franchise de l’intégralité de ses magasins, et des syndicats qui tentent de s’y opposer en multipliant les grèves, les journées d’action, les opérations coup de poing. On vise un magasin par ici, on essaye de bloquer le dépôt par là, mais on sent très bien que tout cela s’essouffle et qu’à la fin c’est l’entreprise qui gagne.
Syndicats
Le conflit social créé par les décisions de Delhaize prend une ampleur inédite. En jeu : l’avenir de la démocratie sociale belge. La démocratie sociale est définie comme : la forme de gouvernement dans laquelle les partenaires sociaux participent à la régulation aux côtés de l’État. Une forme de gouvernement qui s’évapore de plus en plus vite. l’Etat laisse faire. Le gouvernement est resté très en retrait et la justice a donné raison à Delhaize en envoyant des huissiers et des policiers pour dégager les grévistes.
FGTB, CSC et CGSLB appellent de concert à manifester, lundi 22 mai, pour défendre les libertés syndicales et lutter contre le dumping social. Pour le président de la FGTB Thierry Bodson, le droit de grève est sérieusement menacé. Il dénonce la « provocation » du gouvernement et appelle les responsables politiques à plancher sur des solutions structurelles aux grands défis climatiques et sociaux. » Les tribunaux estiment que la liberté de commerce et le droit économique sont supérieurs aux droits sociaux. On n’avait jamais vu ça ! »,
Faut-il changer les règles du jeu et revoir les conditions de travail dans le commerce de détail alimentaire ? Les syndicats le demandent depuis le début. Aujourd’hui ils trouvent un allié de circonstance chez l’un des gros employeurs du secteur : Colruyt. Colruyt évoque notamment l’aspect social : “Les différences créent surtout une injustice sociale : des employés ayant la même fonction et les mêmes tâches dans un supermarché gagnent jusqu’à 400 euros de moins par mois lorsqu’ils appartiennent à la commission paritaire des magasins franchisés. C’est difficilement justifiable. » Le gouvernement est invité à agir.
Les négociations entre syndicats et patrons dans le cadre du passage de 128 magasins Delhaize sous franchise sont au point mort. Alors que la peur domine, Anne-Catherine Lahaye (UNamur) et François Lambotte (UCLouvain) analysent la stratégie de communication de la direction. La direction de Delhaize ne fait que communiquer une information de manière directive et descendante, sans écouter les collaborateurs en retour. C’est presque comme si les travailleurs n’existaient pas.
Veillée d’arme pour les syndicats qui organisent demain, en front commun une première manifestation pour le pouvoir d’achat. Pour les syndicats, l’enjeu est de transformer la colère sociale en victoire politique. Le risque c’est qu’ils soient concurrencés, et débordés, notamment par le PTB.
L’accord sur le marché du travail conclu hier est une étape importante pour le gouvernement De Croo. Il y a deux manières de mesurer la nature d’un compromis à la belge. Soit tout le monde est satisfait parce que tout le monde a gagné, soit tout le monde est fâché parce que tout le monde a perdu.Toute la question maintenant, c’est d’observer la dynamique entre les syndicats et le gouvernement.
Si les politiques sanitaires des autorités apparaissent chaque jour davantage comme peu cohérentes et purement réactives, on peut difficilement considérer que l’opposition aux mesures gouvernementales fait mieux sur ce terrain. Quand l’opposition développe des discours contradictoires, voire absurdes, c’est la démocratie qui s’enlise.
Cela aurait dû être « un vote historique », « une victoire sans précédent pour les travailleurs », « une première pour le géant du e-commerce aux États-Unis », mais c’est bien le camp du non qui l’a emporté.
Le nombre de travailleurs pauvres a augmenté dans 16 pays de l’Union européenne. Face à cela, la Confédération européenne des syndicats demande que la directive sur les salaires minimum de la Commission européenne interdise de fixer ces rémunérations en dessous du seuil de risque de pauvreté.