Terminé, l’anonymat dans la rue ? Les caméras de surveillances sont si répandues dans l’espace public qu’on n’y prête même plus attention. Et ces dernières années, les technologies de reconnaissance faciale ont progressé à toute vitesse. Serons-nous tous un jour identifiable en rue par une intelligence artificielle ?
Surveillance
Une adolescente de 17 ans a reçu un avertissement pour tricherie. La raison? La start-up Honorlock l’aurait surprise, grâce à son intelligence artificielle (IA), en train d’agir de manière suspecte lors d’un examen en février. «Vous avez été observée en train de regarder plusieurs fois en bas et sur les côtés avant de répondre aux questions.»
De plus en plus d’entreprises ont recours à des logiciels qui surveillent les salariés. Un phénomène inquiétant qui a débuté dans les entreprises de la “gig economy” mais qui s’étend désormais à tous les secteurs.
La crise sanitaire a certainement accéléré les inégalités. La fortune des plus riches a été accélérée par les marchés financiers, alors que de l’autre côté du spectre, la crise sanitaire a fait basculer des millions de gens dans la pauvreté. Mais ce que la crise sanitaire a plus accéléré encore, c’est bien la transformation numérique de nos existences. Non seulement elle a rendu les technologies numériques plus fortes et puissantes que jamais, mais elle a aussi précipité toutes nos pratiques, tous nos usages dans des formes toujours plus numérisées.
Le traitement de nos données personnelles est un enjeu clé pour l’avenir de nos régimes démocratiques. Dans des sociétés dominées par des impératifs de gestion, de rapidité et d’efficacité, la volonté de rassembler des données diverses sur les citoyens est une réalité qui se déploie dans un nombre croissant de domaines. Que ce soit en matière de sécurité sociale et de sécurité publique (caméras de surveillance) hier, dans le domaine de la santé aujourd’hui, de la justice et de la sécurité toujours demain, le mouvement est en marche et englobe la totalité des traces électroniques que nous laissons derrière nous.
Les cookies, nous les voyons de plus en plus souvent. En tout cas, on nous demande de plus en plus ce que nous voulons faire des cookies : les accepter ou pas ? Mais pour répondre librement, il faudrait savoir de quoi il s’agit, et quelles seraient les conséquences de ce choix.
« Du glissement d’un système démocratique vers une technocratie des données. » Carte blanche co-signée par un collectif de juristes, d’avocats, de responsables du traitement de données, de médecins… Beaucoup de citoyens semblent percevoir qu’il existe un « problème » majeur lié à la manière dont nos données personnelles seraient stockées, partagées et réutilisées par l’Etat. Pourtant, la nature et l’ampleur de ce problème semblent embourbées dans un océan de complexité.
La crise sanitaire a accéléré l’individualisation et la surveillance. Dans l’accélération de la surveillance, ce sont nos libertés et notre autonomie qui sont mises à mal. Comment trouver encore un espace où tout ne soit pas déterminé ? Un espace où l’on puisse encore converser, discuter, dialoguer… trouver des moyens pour n’être pas réduit aux cases, seuils et critères rigides des systèmes.
Condamnées à légaliser les mesures sanitaires, les autorités tentent de trouver une échappatoire qui ne dupe personne.
Cette accélération, cette bascule, masque d’autres accélérations : celle de l’individualisation et de de la dépolitisation, comme celle de la surveillance, inscrite dans la nature même du numérique. Dans l’accélération de la surveillance, ce sont nos libertés et notre autonomie qui sont mises à mal.