Les 14 et 28 mai auront lieu en Turquie des élections à deux tours pour les présidentielles, à un tour pour les législatives qui peuvent changer le paysage politique du pays. Pour la première fois depuis qu’il est au pouvoir – deux décennies– Recep Trayiip Erdogan n’est pas sûr de sortir vainqueur des élections et son pouvoir est réellement menacé. Il est donné battu dans les sondages, même s’il convient de rester prudent. Les électeurs ne suivent pas forcément les sondés.
Séisme
Si par exemple, des famille sinistrées du tremblement de terre, vivant dans des campements de réfugiés de la municipalité de Mersin, comptent toujours donner leur confiance à Erdogan, à l’opposé, la colère pousse les victimes d’Antakya à se politiser plus radicalement que par le passé. Même s’il reste des fidèles au président Erdogan malgré les circonstances, ils font figure d’exception.
l’occasion du centenaire de la République, la Turquie pourrait-elle tourner la page de l’ère Erdogan ? C’est tout l’enjeu des élections présidentielles et législatives du 14 mai prochain. Pour la première fois depuis 2002, date à laquelle son parti remporte la majorité au Parlement, le scénario d’une défaite pour l’AKP et son leader pourrait se réaliser. La République restera-t-elle fidèle au projet de ses fondateurs, inspirés par les principes des Lumières ? Ou, au contraire, sera-t-elle remodelée par un pouvoir politique religieux et autoritaire qui ne fera qu’abîmer encore davantage son pluralisme ? « Kulturkampf », entre les tenants d’une vision religieuse autoritaire et les partisans d’un pays démocratique et laïque.
Le président doit gagner ces élections afin de préserver son immunité. Au risque, sinon, de devoir répondre des nombreuses violations de l’État de droit qu’il a commises, et des accusations de fraudes et de corruption auxquelles il fait face. Ces accusations devraient se multiplier à la suite des collusions entre pouvoir, clientélisme et entrepreneurs mises au jour par le séisme.
Relativement épargnées ces dernières années, les populations du Proche-Orient s’inquiètent de voir un jour la terre se dérober sous leurs pieds. Les spécialistes sont unanimes : ces craintes sont fondées et la région n’est absolument pas préparée