Les nouveaux populistes refusent désormais les résultats des urnes. Comme le formule le dramaturge Tom Stoppard dans une maxime lumineuse : « la démocratie est un système où les partis perdent les élections ». À cette aune, le recul est patent. Ainsi de Donald Trump qui parle de « vol » et de « mensonge » à propos de sa présidentielle perdue.
Réseaux sociaux
Alphabet (maison mère de YouTube), Meta (celle de Facebook), Reddit et Twitter sont visés par ces injonctions à comparaître. La commission, dont le rôle est d’établir la responsabilité de l’ancien président Donald Trump et de son entourage dans l’assaut du Congrès par ses partisans, a fait savoir que ces requêtes avaient été lancées après des « réponses insuffisantes » des quatre groupes à de précédentes demandes de collaboration.
Jean Marie Guéhenno s’interroge sur le choix dramatique qui risque de s’imposer à l’Occident, tenu d’arbitrer entre les GAFA et la Chine. Dans les deux cas on a vu naître des puissances, entreprises comme Google ou Facebook ou étatiques comme la Chine, qui tentent de dominer le monde grâce au contrôle exclusif des données. Un conflit majeur, très différent de la guerre froide, se profile donc entre des géants tous américains et une Chine, bien plus puissante et redoutable que la défunte URSS.
Ce dérèglement n’épargne pas non plus les piliers les plus anciens de la démocratie libérale. La multiplication des offensives contre les indispensables contre-pouvoirs, qui sont pourtant les garants de son bon fonctionnement, en Europe comme aux Etats-Unis, en témoigne, sans compter les effets dévastateurs de réseaux sociaux qui y attisent les haines.
L’irruption de Zemmour dans cette pré-campagne est la première escarmouche d’une guerre qui fait rage aux États-Unis depuis la création de Fox News et la campagne de Trump en 2016. On la dit culturelle (cultural war) parce qu’elle met au premier plan des enjeux sociétaux et non politiques ou économiques.
Il y a des moments où l’on aspire à entendre des voix d’autant plus fortes qu’elles sont calmes. Des moments où l’on rêve d’être à mille lieues de ces « torrents d’émotions jetables et de commentaires désinvoltes qui submergent nos vies », comme l’écrit le sociologue Todd Gitlin. Loin du charivari des plateaux de télévision populistes, où les invité(e)s disent n’importe quoi et pontifient à tour de bras. Si le péremptoire a presque toujours fait partie de la lutte politique, il atteint aujourd’hui un niveau de toxicité insoutenable, porté par un système qui pousse à la tribalisation et donc à la dégradation de la pensée.
En délimitant les discours acceptables de ceux qui ne le sont pas, les principales plateformes assument petit à petit leur rôle d’éditeur. Mais les discours de haine et les fake news trouvent refuge ailleurs. Tous les réseaux sociaux de masse ont leur équivalent en plus souple. Indésirable sur YouTube ou Twitch? Odysee et DLive sont moins regardants. Banni de Facebook ou Twitter? Gab, Parler et VKontakte font parfaitement office de refuge.
Depuis le début de l’actuelle pandémie, chacun peut constater que la science et la médecine ont de moins en moins la cote auprès d’un certain public. Si nombreux sont les citoyens qui se réjouissent de l’arrivée de vaccins contre le Sars-Cov2, qui respectent les recommandations des épidémiologistes et qui suivent l’avancée spectaculaire des connaissances médicales, il en est qui rejettent en bloc la science, la médecine moderne et les médicaments qu’elles nous proposent.