Marie Doutrepont est avocate. Elle fustige l’accueil de migrants mise en place par le gouvernement De Croo et la ministre Nicole De Moor.
Réfugiés
Douze mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, environ 18 % de la population ukrainienne s’est exilée. La Pologne et l’Allemagne sont les pays qui ont attribué le plus de statuts de réfugiés, suivies de la République tchèque. Mais en proportion de la taille du pays, les Tchèques ont pris la plus grande part : les réfugiés ukrainiens représentent plus de 4 % de la population totale. L’Estonie arrive en deuxième position (2,9 %), suivie de la Pologne. La France arrive loin derrière
La politique d’immigration du pays est devenue de plus en plus hostile aux réfugiés ces dernières années. «Zéro demandeur d’asile»: c’est l’objectif que la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, avait annoncé vouloir atteindre en 2019. Depuis, la situation des Syriens réfugiés au Danemark n’a fait qu’empirer, allant de la perte des aides jusqu’alors accordées par le gouvernement, aux menaces d’expulsion.
Boris Johnson a annoncé une nouvelle politique de lutte contre l’immigration illégale qui prévoit d’envoyer au Rwanda des dizaines de milliers de réfugiés sans papiers. L’opposition et les ONG protestent.
Le crime organisé profite de la guerre en Ukraine pour sévir aux frontières. Plus de 10 millions d’Ukrainiens ont été déplacés depuis le début de l’invasion russe, dont 3,5 millions qui ont quitté le pays. Il s’agit principalement de femmes et d’enfants –les hommes devant rester combattre– et constituent des cibles idéales pour les trafiquants d’êtres humains. La BBC s’est rendue à la frontière polonaise pour enquêter sur le sujet.
Tout en mettant en scène leur unité, les Occidentaux entretiennent un flou délibéré afin de limiter les risques d’escalade militaire. Mais les symboles ne peuvent suffire et il est urgent de s’entendre pour organiser l’accueil des réfugiés et réduire notre dépendance énergétique envers la Russie.
Y a-t-il un deux poids deux mesures entre l’accueil des réfugiés ukrainiens et celui réservé aux Syriens ou aux Soudanais ? Entre les images d’Ukrainiens accueillis à bras ouverts et celles des Syriens abandonnés dans le parc Maximilien, la question est de plus en plus souvent posée. Sans contestation possible, la réponse à cette question est : oui, il y a deux poids deux mesures. Sur presque tous les plans, nous ne traitons pas les Ukrainiens comme les Syriens.
La Belgique a décidé de refuser l’asile aux Afghans, dénonce l’avocate Selma Benkhelifa. La guerre en Afghanistan est-elle bien finie, comme l’estime le Commissariat aux réfugiés, alors que l’Etat islamique affronte toujours les talibans et que les attentats sont quotidiens ? Les réfugiés afghans présents en Belgique ne vont pas s’évaporer, considère l’avocate. « Ils vont juste rester là ».
La guerre en Ukraine nous touche de plus en plus concrètement. La hausse des prix de l’énergie menace les ménages et les économies européennes. L’arrivée de plus de 2 millions de réfugiés nous place face à un défi colossal. Dans les discours politiques c’est peu à peu le retour du « quoi qu’il en coûte » qu’on avait connu avec le Covid.
Sans oublier les entorses de la Pologne et de la Hongrie à l’Etat de droit et certaines de leurs discriminations aux frontières, l’élan de solidarité suscité par le drame ukrainien doit servir de levier à une nouvelle politique migratoire européenne
Il est humainement inacceptable que l’Europe et la Belgique fassent une distinction entre des réfugiés qui fuient la guerre depuis un pays du continent européen et les autres. Pensez aux 23.000 personnes qui sont mortes en Méditerranée depuis 2014 à cause du régime frontalier européen. Le nationalisme de la Russie et le continentisme de l’UE ont peut-être des visages différents, mais des conséquences mortelles similaires.
En décidant d’une aide financière à l’envoi d’armes létales aux forces ukrainiennes pour résister à l’agression russe, l’UE a brisé « un tabou » et se donne enfin les moyens de se comporter en puissance géopolitique.