L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu de graves répercussions sur la position de Moscou dans l’arène mondiale. Isolé de l’Occident, enlisé en Ukraine et abandonné par ses alliés nominaux, le Kremlin se retrouve seul à mener une guerre qu’il n’est pas sûr de gagner. Mais la Russie parviendra-t-elle à préserver au moins une partie de son influence politique au Bélarus, au Kazakhstan, au Kirghizstan, en Arménie et au Tadjikistan – pays qui, jusque-là, ont été dans l’orbite géopolitique de Moscou ?
Poutine
Poutine dans son outrance, sinon sa paranoïa, est de facto le meilleur agent d’influence, le meilleur ciment de l’unité européenne et atlantique. Le continent européen ne se sentait menacé ni par Milosevic, ni par Saddam Hussein. Il en est tout autrement avec les rêves impériaux et le chantage au nucléaire du maître du Kremlin. Et plus l’on est géographiquement proche de la Russie, plus le sentiment de menace est grand.
Et s’ils avaient raison ? Et si ce n’était pas que le besoin d’y croire qui faisait dire aux dirigeants ukrainiens que c’est dès cette année que leur pays l’emportera ? On ne sait pas. Le sort des armes est par définition tellement incertain que toute prophétie est hasardeuse mais le fait est qu’il y a désormais cinq motifs de penser qu’ils pourraient n’avoir pas tort.
Parmi les nombreuses erreurs de calcul de Vladimir Poutine dans ce conflit, il y a l’évaluation des opinions publiques européennes. La hausse brutale des prix de l’énergie, dans les premières semaines de la guerre, a fait espérer au Kremlin -et à ses amis politiques-, l’émergence d’un mouvement populaire opposé au soutien à l’Ukraine. Ça ne s’est produit nulle part en Europe. Contrairement à ce que’il pouvait espérer, les opinions publiques européennes sont restées très favorables à l’Ukraine et au soutien de l’Union européenne. 65% des Européens approuvent même le financement par l’UE d’achats d’armes pour Kiev.
Qu’a dit Vladimir Poutine hier ? On se concentre beaucoup sur l’annonce de suspendre la participation de la Russie au traité New Start. Mais dans un pays qui est en train de se muer en économie de guerre, la seule véritable priorité poutinienne est ailleurs – conserver le pouvoir.
Les discours de Vladimir Poutine et de Joe Biden ont rappelé la rhétorique de la guerre froide. Mais la situation d’aujourd’hui, avec la guerre en Europe, la Chine aux aguets et un ordre international en miettes, est beaucoup plus complexe.
La visite non-annoncée de Joe Biden est porteuse de plusieurs messages : l’un personnel d’un président de 80 ans qui pourrait briguer un second mandat ; l’autre en direction de Poutine qui ne doit pas compter sur la « fatigue » des États-Unis en Ukraine.
La vraie victoire de Vladimir Poutine n’est pas d’avoir anéanti l’opposition et écrasé les sociétés civiles en Russie. C’est d’avoir orchestré une apathie généralisée, une passivité mêlée à de la crainte, dans une confusion entretenue. Depuis un an, Benoît Quénelle a échangé avec des Russes de l’invasion de l’Ukraine — il livre un témoignage.
En s’accordant sur la livraison de chars lourds, les alliés de Kiev ont de nouveau fait la preuve de leur capacité à dépasser leurs différences et leurs hésitations. Cette escalade dans l’aide n’est que la conséquence de celle choisie par Vladimir Poutine sur le terrain.
La nomination du général Guerassimov annonce non seulement une nouvelle offensive plus rigoureuse et plus continue sur le plan militaire mais aussi une nouvelle posture stratégique à l’échelle de la région… et, possiblement, une nouvelle donne politique à Moscou.
Ce devait être l’arme fatale de la Russie pour faire plier l’Occident: plonger ses habitants dans un hiver infernal, froid et noir. C’est finalement un bide presque complet. Comme l’expliquent divers articles de Bloomberg, le président russe Vladimir Poutine a, pour l’instant du moins, échoué dans sa tentative de militarisation du gaz et du pétrole, les deux mamelles de sa nation, dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Le Président russe a annulé sans explication sa conférence de presse annuelle, rituel de son pouvoir ; le signe d’une stratégie de communication défaillante, à l’image de la performance de son armée en Ukraine. Une explication simple est évidemment que rien ne se passe comme prévu en Ukraine. L’armée russe a reculé autour de Kiev, a subi la contre-offensive de l’Est, et a perdu Kherson, à peine proclamée territoire russe pour l’éternité.