Les efforts des Etats restent très insuffisants et si les politiques actuelles sont poursuivies en l’état, l’élévation des températures atteindra 2,8 °C en 2100. Sans investissements supplémentaires, sans une accélération des transferts financiers des pays du Nord vers ceux du Sud, les objectifs climatiques resteront de vaines promesses.
Pays riches
L’enjeu de l’adaptation au réchauffement climatique place les Etats les plus riches face à des responsabilités nouvelles. Ces pays portent une responsabilité particulière dans ce dérèglement après quelque deux siècles de développement économique.
Les pays riches sont en train de recruter en urgence médecins et infirmières dans les pays pauvres, au risque de déstabiliser des systèmes de santé déjà fragiles.
La grande majorité de la richesse créée ne sert pas à faire tourner l’économie. Les biens intangibles, comme le capital humain, les marques ou la propriété intellectuelle, restent eux à un niveau ridiculement faible (4%) malgré la numérisation de l’économie, observe McKinsey.
Pour aider à financer la transition vers les énergies propres (atténuation) et la résilience climatique (adaptation) dans les pays en développement, chaque pays à revenu élevé devrait payer une taxe de 5 dollars par tonne de dioxyde de carbone émise. Les pays à revenu moyen élevé devraient payer une taxe de 2,50 dollars la tonne. Ces taxes CO2 devraient démarrer dès que possible et augmenter progressivement, en doublant dans cinq ans.
Les multinationales devraient bientôt être taxées. Le G20 vient d’approuver une réforme de la fiscalité internationale qui prévoit un impôt minimum de 15%. L’Union européenne devra prochainement traduire cette décision en une directive. Bonne nouvelle ? Philippe Lamberts et les élus écolos s’en réjouissent autant qu’ils s’inquiétent des failles de ce nouveau système.
Brigitte Alepin et Louise Otis, deux spécialistes québécoises de la fiscalité, à l’origine de l’ONG TaxCOOP, plaident pour rapprocher les travaux de l’OCDE sur l’impôt minimum des multinationales et ceux de la COP26 pour le climat. Objectif : inciter les pays en développement à signer l’accord OCDE en leur assurant les moyens de financer leur transition climatique. Pour préserver l’humanité, on se doit de repenser l’ensemble des mesures économiques et sociales selon une perspective écologique. Et toute nouvelle idée, surtout fiscale, se doit d’examiner la possibilité de servir la cause environnementale.
Les pays riches ont un surplus de vaccins de plus d’un milliard de doses. 241 millions de doses vont bientôt devoir être jetées car proches de la péremption. La redistribution des doses vers les pays faibles est lente.
Le monde est à la croisée des chemins de la pandémie de COVID-19. Les pays qui ont manqué le premier rendez-vous de couverture vaccinale sont extrêmement vulnérables au variant Delta à très forte contagiosité. Ils sont également des foyers pour les nouveaux variants qui risquent de se répandre dans le monde entier. Les gouvernements des pays producteurs de vaccins (États-Unis, pays membres de l’Union européenne, Royaume-Uni, Inde, Russie, Chine), doivent coopérer sous la direction des États-Unis afin d’assurer un approvisionnement suffisant en doses de vaccin à destination des pays les plus pauvres.
Aux États-Unis, le ralentissement de la campagne vaccinale implique par exemple que les États disposent, dans leurs frigos, de dizaines de millions de doses inutilisées, et dont une partie pourrait purement et simplement finir à la poubelle.
Pour s’assurer une fourniture la plus rapide possible et appuyer financièrement le travail des laboratoires, la Grande-Bretagne, comme les États-Unis ou l’Union européenne, ont passé des commandes massives de vaccins avant même qu’ils ne soient prêts. Les chiffres donnent le tournis: le Royaume-Uni devrait recevoir au total 467 millions de doses en 2021.
Chacun dans nos replis nationalistes, dans nos pensées locales et souvent étriquées pour résoudre un problème global, nous avons loupé le coche de l’universalité. Alors que la pandémie de Covid-19 met en avant les inégalités sociales, économiques, sanitaires ou ethniques, elle nous force aussi à nous penser comme étant tous et toutes sur le même bateau, comme étant tous et toutes vulnérables
L’économie globale ne peut se redresser que si la planète entière reprend le contrôle sur la pandémie. Le risque n’est donc pas seulement celui d’une «faillite morale catastrophique», comme s’en inquiète l’OMS. Il est également comptable et financier: un argument qui, sans doute, peut peser lourd dans la balance des politiques publiques.