Les pays membres du G7 ont fait preuve d’ouverture en voulant associer des grandes démocraties du « Sud global », mais ils ont voulu le faire à leurs conditions et à celle du président ukrainien, sans tenir compte des sensibilités de ces États. Les Occidentaux ont montré qu’ils prennent conscience de cette division avec les pays du « Sud global », mais s’ils continuent à penser qu’il suffit de quelques consultations pour que les pays du Sud se rallient à leurs positions, ils se trompent d’époque.

Une défaite du Président Erdogan face au candidat d’une coalition d’opposition, Kemal Kilicdaroglu, réjouirait tous ceux que le dirigeant turc a offensé ou raillé, y compris au sein de l’OTAN dont la Turquie est membre. Mais attention à ne pas l’enterrer trop vite. Mais la satisfaction que susciterait la défaite d’Erdogan est moins fondée sur l’espoir d’une politique différente que sur le capital d’antipathie qu’a accumulé ce Président. La politique se contente parfois de peu.

La position ambiguë de Pékin, qui affirme soutenir « les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies » tout en se refusant de les appliquer au cas ukrainien, pèse sur sa crédibilité et consacre un rapport de force brutal avec les Occidentaux. Cet axe révisionniste ne fait pas mystère de ses intentions de remettre en cause ce qu’il reste d’un ordre mondial jugé trop favorable aux pays occidentaux.

Bien sûr, il y a dans cette guerre en Ukraine un enjeu de défense de valeurs et du droit international face à l’agression d’un pays pacifique et face aux crimes de guerre commis par la Russie. Mais les valeurs défendues par les Occidentaux dans leur soutien à l’Ukraine n’en sont pas l’unique moteur. Les Occidentaux doivent avoir la franchise et la lucidité d’admettre que s’ils réagissent avec autant de force, c’est parce que leurs intérêts sont en jeu.