Visiblement mécontente de certains des arrêts de la Cour constitutionnelle, la N-VA a fait l’annonce, il y a peu, de sa volonté d’instituer ce qu’elle appelle un « recours populaire » contre les arrêts de cette Cour – à tout le moins ceux qui concernent les droits économiques et sociaux. Cette annonce a de quoi faire frémir, d’autant plus que sa nocivité pour l’Etat de droit risque de ne pas sauter immédiatement aux yeux du citoyen. Le cri d’alarme De 18 professeurs de Droit.
N-VA
Le responsable politique qui s’y exprime sent la fin de sa carrière approcher et est forcé de constater, rétrospectivement, que son grand projet de société — l’avènement dune Flandre (plus) indépendante — n’a pas avancé d’un iota. La manière dont le gouvernement flamand, sous la direction de la N-VA, gère la communauté, ne donne pas non plus beaucoup de motifs de fierté. Se défausser sur un ennemi extérieur aux contours flous s’avère alors bien pratique. C’est « leur » faute, qui que cela puisse bien désigner.
La Flandre en affaires courantes, c’est un symbole politique inédit. Pour comprendre cette crise politique qui secoue le nord du pays, il faut d’abord prendre la mesure de ce que ce blocage suscite comme réactions. On l’a déjà dit ici, le cœur du projet politique flamand depuis les années 80 est de faire mieux que le niveau national (puis fédéral) devenu synonyme des conflits incessants.
Or, cette crise de l’azote qui succède à d’autres depuis 3 ans, est une entaille dans le contrat, une brèche dans le récit régionaliste du Good Bestuur (bonne gestion).
En discussion depuis des mois sur le sujet, le gouvernement flamand n’arrive plus à s’entendre et est au bord de l’implosion. De nombreux experts estiment même que la survie de la coalition N-VA/CD&V/Open Vld se joue sur ce dossier. La raison de cette zizanie? L’élevage industriel dans le nord du pays, qui produit ainsi une quantité astronomique d’azote.
Non, le gouvernement de Jan Jambon ne parvient plus à démontrer que ce que la Flandre fait elle-même, elle le fait mieux que la Belgique. La N-VA peut allumer des contre-feux, dénoncer l’impéritie du fédéral sur bien des dossiers, elle ne peut plus cacher que même en Flandre la décision politique est devenue chaotique et compliquée. Cela rend beaucoup plus difficile une campagne axée sur le confédéralisme où la Flandre hériterait de compétences encore plus nombreuses. Cela rend aussi très compliqué une reconduction de l’actuelle majorité.
Bart de Wever, le président de la N-VA, veut réformer le pays de manière extralégale. Cette déclaration a été abondamment commentée depuis samedi. Un coup de communication qui augure d’une stratégie de la terre brûlée. Mais en attendant cette sortie fantasmée du désert belge et cette arrivée en terre promise flamande, Bart de Wever ne peut qu’attendre et ressasser son évangile. Car la terre brûlée de la maison Belgique peut brûler longtemps. Plus longtemps que la durée d’une carrière politique, ou même qu’un parti.
Cela le démange de plus en plus. Bart De Wever y revient méthodiquement, insiste. De simple allusion régulière, cela tourne à l’obsession. Cela risque même d’empirer au fur et à mesure que l’on se rapprochera de l’échéance électorale de mai 2024 et au-delà quand il faudra composer de nouveaux exécutifs. Le président de la N-VA entend voir naître son confédéralisme, quitte même cette fois à sortir du cadre légal.
Le fondateur de l’agence de communication Exposure compare les montants dépensés par certains partis à des organisations dans le privé : » La N-VA et le Vlaams Belang ont des dépenses qui sont similaires à celles de multinationales. Les autres partis comme l’Open Vld, Groen ou Vooruit consacrent des budgets dignes de PME. »
Water Zinzen est un ancien journaliste de la chaîne publique VRT. « Certes, l’histoire ne se répète jamais de la même façon. On n’entend pas, de nos jours, le bruit des bottes des SS et des SA résonner dans les rues. C’est d’ailleurs presque devenu un cliché : les fascistes actuels s’affichent en costume-cravate. Mais les similarités que relève Verhofstadt n’en sont pas moins stupéfiantes. Et les erreurs qui ont conduit Hitler au pouvoir sont bel et bien répétées.
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Pas d’accord belge sur la répartition des efforts climatiques à la COP26 de Glasgow. C’est un revers majeur pour la Belgique, pour le Premier ministre Alexander De Croo, et pour Ecolo avec trois ministres en charge du climat. Un revers de la main infligé par la N-VA. On pourrait parler de rever au pluriel avec le refus de Zuhal Demir du projet de centrale à gaz de Vilvorde.
Le fédéral reprend donc la main, face à la dégradation de la situation. Ce qui n’aurait donc dû être qu’un ajustement sanitaire est un bras de fer politique. Le Codeco d’hier sonne comme une revanche pour Alexander de Croo ou Frank Vandenbroucke, c’est-à-dire pour des partis défendent une certaine primauté du niveau fédéral.
Après le refus du projet de centrale à Dilsen-Stokkem, voilà que la ministre flamande Zuhal Demir vient de rejeter un autre projet de construction d’une centrale à Tessenderlo. Déjà, la députation permanente du Brabant flamand, dominée par la N-VA, avait elle aussi rejeté l’octroi d’un permis pour une centrale au gaz à Vilvorde.