Le projet de réforme judiciaire divise profondément Israël depuis plusieurs semaines. Annoncée début janvier, la réforme judiciaire israélienne vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Elle comprend notamment l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême. La tension est montée d’un cran ce week-end, lorsque le Premier ministre Benyamin Netanyahou a limogé son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui venait d’appeler à une pause d’un mois dans le processus de réforme.
Manifestations
Depuis la collision fin février de deux trains, causant 57 morts, des manifestations gagnent la Grèce. Cet accident est « l’aboutissement d’années de dégradation de nos vies en faveur des profits privés » dénonce le sociologue Theodoros Karyotis. Le 28 février, tard dans la nuit, la collision de deux trains des chemins de fer récemment privatisés et en dégradation continuelle a fait au moins 57 morts, pour la plupart des étudiants des universités locales de Thessalonique. Depuis lors, la mobilisation, les marches, les manifestations et les grèves sont permanentes.
Le Président israélien a appelé au retrait des réformes judiciaires de Netanyahou. Un schisme menace Israël,il y a dans la vague de protestations actuelles une dimension existentielle ; non pas comme en temps de guerre, sur la survie même de l’État hébreu – mais sur son identité, son système politique, ou encore le poids de la religion. C’est parfois difficile à comprendre de l’extérieur, où nous regardons le plus souvent cette partie du monde à travers le seul prisme du conflit israélo-palestinien – qui est, lui aussi, en train de s’aggraver… Un attentat hier soir à Tel Aviv est d’ailleurs venu rappeler que les deux crises évoluent en parallèle.
Si cette réforme entend rogner l’État de droit pour les citoyens juifs, elle ouvre plus encore la voie à un renforcement drastique des mesures de ségrégation envers les Palestiniens. Beaucoup d’Israéliens craignent qu’Itamar Ben Gvir et les siens multiplient les provocations pour mener à une troisième intifada, qui ouvrirait la porte à leurs rêves d’annexion définitive des territoires occupés.
En procès pour corruption depuis 2021, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, instaure un rapport de force toxique avec les juges. Il assure avoir été élu en novembre 2022 sur la promesse de mener à bien cette réforme. Mais il a échoué depuis à convaincre les Israéliens de sa nécessité comme de l’urgence à la faire adopter, ainsi que le montrent les enquêtes d’opinion.
Les manifestations contre le coup d’État judiciaire de Netanyahou sont théoriquement une bonne nouvelle, mais leur caractère sioniste exclut ce qui détermine le caractère autocratique d’Israël : l’occupation de la Palestine. Les manifestations ont été réservées aux juifs, ignorant totalement l’occupation. Israël, où est votre indignation face à la légalisation de l’apartheid ?
Les critiques disent que ces mesures s’apparentent à un coup d’État qui détruira le système de séparation des pouvoirs, sauvera Netanyahou de l’inculpation dans trois cas de corruption et encouragera ses partenaires extrémistes religieux à mettre en avant des législations soutenant l’expansion de colonies juives en Cisjordanie”.
Pourquoi de tels événements tragiques mettent en branle de vastes pans des sociétés concernées reste impossible à savoir. Sauf à considérer que, comme dans tout processus de contestation sociale d’ampleur, l’ensemble des contradictions se conjuguent, s’accumulent et se cristallisent à un moment précis dans un puissant mouvement de contestation politique. Tel est le cas dans la République islamique d’Iran en ce moment.
En un peu plus de deux mois, deux mouvements de masse spontanés sont venus bousculer deux régimes totalitaires. La Chine et l’Iran sont deux pays très différents, au-delà de l’autoritarisme, et pourtant il y a de nombreux points communs dans ces deux soulèvements. Entre l’Iran et la Chine, deux pays très différents, il faut comparer les mouvements spontanés en cours pour comprendre comment naissent les révolutions quand il n’y a aucun espace politique. Dans les deux cas, les jeunes sont en première ligne.
Des dizaines de manifestations ont eu lieu ce weekend en Chine, pour protester contre les restrictions anti-Covid, mais aussi, souvent, conspuer le président Xi Jinping. Un défi inattendu pour le pouvoir enfermé dans sa stratégie de « zero Covid ».Personne n’avait vu venir cette crise. Certainement pas Xi Jinping, qui sort d’un 20ème Congrès du Parti communiste chinois triomphal, qui lui a permis de verrouiller son pouvoir à la tête de la Chine.
Depuis trente-trois ans, Ali Khamenei impose sa toute-puissance aux gouvernements fantoches qui se succèdent. Le pragmatique président Rafsandjani ouvre les portes du grand commerce aux gardiens de la révolution ; et Khamenei, commandant en chef des armées, place ses plus fidèles généraux à la tête de la base militaire Khatam al-Anbiya, qui devient le siège du plus puissant trust industriel et financier du pays.
Sur internet, des vidéos montraient une foule devant la cantine de l’université, réunie autour d’un orateur qui criait : « Ce n’est pas une vie normale, nous en avons assez. Nos vies n’étaient pas comme ça avant ! » Une autre vidéo apparemment prise au même endroit montrait des étudiants criant : « démocratie et Etat de droit, liberté d’expression », mais elle a été rapidement retirée d’internet.