Le rachat d’un réseau social par un milliardaire directement impliqué dans l’action politique est une première. Le risque de conflit d’intérêts est majeur.
Liberté d’expression
En ces temps d’instabilité mondiale, le destin de l’Afghanistan a été relégué au second plan. L’urgence commande pourtant de renforcer une aide humanitaire accordée au compte-gouttes, pour empêcher un pays exsangue de basculer pour de bon dans l’abîme.
En tentant de prendre le contrôle du réseau social, le patron de Tesla, libertarien assumé, veut en faire un espace de libre expression absolue, sans modération. Le risque est grand d’ouvrir ainsi la porte aux menaces, au harcèlement, aux propagandes en tout genre et au complotisme.
Au-delà des réactions viscérales que la campagne du Conseil de l’Europe contre les discriminations de l’organisme européen a suscitées en France, celui-ci pose un véritable problème de fond, à savoir si une femme adulte est libre de porter le voile et si ce choix constitue une atteinte à la laïcité ou, au contraire, enrichit la diversité culturelle de nos sociétés.
Il y a des moments où l’on aspire à entendre des voix d’autant plus fortes qu’elles sont calmes. Des moments où l’on rêve d’être à mille lieues de ces « torrents d’émotions jetables et de commentaires désinvoltes qui submergent nos vies », comme l’écrit le sociologue Todd Gitlin. Loin du charivari des plateaux de télévision populistes, où les invité(e)s disent n’importe quoi et pontifient à tour de bras. Si le péremptoire a presque toujours fait partie de la lutte politique, il atteint aujourd’hui un niveau de toxicité insoutenable, porté par un système qui pousse à la tribalisation et donc à la dégradation de la pensée.