Le projet de réforme judiciaire divise profondément Israël depuis plusieurs semaines. Annoncée début janvier, la réforme judiciaire israélienne vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Elle comprend notamment l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême. La tension est montée d’un cran ce week-end, lorsque le Premier ministre Benyamin Netanyahou a limogé son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui venait d’appeler à une pause d’un mois dans le processus de réforme.
Israël
Dans d’un discours à Paris, Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances, a nié l’existence des Palestiniens. Ce que montrent les déclarations de Bezalel Smotrich, c’est qu’une partie de la coalition israélienne ne craint pas la crise, voire la souhaite. Elle espère ainsi franchir une nouvelle étape dans la prise de contrôle rampante des territoires palestiniens.
Faut-il combattre le feu avec le pyromane? Le gouvernement de l’État d’Israël – le plus extrémiste de toute son histoire- bafoue les droits humains et le droit international, annexe illégalement des territoires conquis par la force et y pratique le nettoyage ethnique. Cet État bafoue depuis des décennies les droits humains et le droit international, annexe illégalement des territoires conquis par la force et y pratique le nettoyage ethnique. Il s’est à présent doté du gouvernement le plus extrémiste de toute son histoire, associant des suprémacistes juifs et des intégristes religieux, équivalents locaux d’Éric Zemmour et de Viktor Orban, la violence physique en plus.
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à être pris de court. Cette reprise des relations diplomatiques arrive en effet au pire moment pour le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, déjà fragilisé dans son pays par la contestation que suscite une réforme de la justice qui mine les ressorts démocratiques d’Israël. M. Nétanyahou espérait isoler un peu plus l’Iran en ralliant l’Arabie saoudite, ses calculs viennent de s’effondrer.
Eurodéputé néerlandais conservateur, (membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens – CRE), Bert-Jan Ruissen, 51 ans, est un partisan engagé d’Israël, prompt à afficher bruyamment son soutien sans réserve sur les réseaux sociaux. Vice-président de la délégation des relations avec Israël au Parlement européen (D-IL), il défend sans nuances la colonisation israélienne et reprend systématiquement les éléments de langage sur les « terroristes » palestiniens.
Le Président israélien a appelé au retrait des réformes judiciaires de Netanyahou. Un schisme menace Israël,il y a dans la vague de protestations actuelles une dimension existentielle ; non pas comme en temps de guerre, sur la survie même de l’État hébreu – mais sur son identité, son système politique, ou encore le poids de la religion. C’est parfois difficile à comprendre de l’extérieur, où nous regardons le plus souvent cette partie du monde à travers le seul prisme du conflit israélo-palestinien – qui est, lui aussi, en train de s’aggraver… Un attentat hier soir à Tel Aviv est d’ailleurs venu rappeler que les deux crises évoluent en parallèle.
La profonde crise politique déclenchée par le projet de réforme judiciaire du gouvernement Nétanyahou n’aura que des issues négatives, estime un chronIqueur du journal’Haaretz. Pour Anshel Pfeffer, chroniqueur politique de Ha’Aretz, “les quatre semaines qui nous séparent de Pessah [la Pâque juive, qui débute le 5 avril] seront décisives”, tandis que le pays risque d’être “bientôt paralysé par des manifestations de plus en plus massives”. Et Pfeffer de présenter six scénarios pour le mois à venir
Les Américains ont-ils véritablement l’intention d’accorder un blanc-seing à Israël et de lancer une confrontation d’envergure avec l’Iran ? Soutenir aveuglément l’État hébreu dans ses choix politiques et stratégiques entache la crédibilité de Washington – qui conteste l’annexion russe de la Crimée, mais tolère la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens – et lui fait aussi courir le risque d’entraîner les États-Unis dans une troisième crise géopolitique qu’ils n’ont ni l’envie, ni les moyens d’assumer.
Pour la première fois, une tutelle civile est reconnue pour les implantations israéliennes de Cisjordanie occupée. Cet arbitrage témoigne de la réalité du rapport de force entre le bloc d’extrême droite et un premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui est son obligé. Le transfert de compétences de l’armée occupante à un élu représentant le gouvernement, constitue en soi une affirmation de souveraineté israélienne. Il témoigne de la réalité du rapport de force entre le bloc d’extrême droite et un premier ministre qui est son obligé, et il constitue un puissant appel d’air en faveur de la colonisation.
A nous taire, nous nous ferions complices d’un homme qui n’est allé se chercher des alliés dans les franges les plus fanatiques de l’extrême-droite religieuse que pour échapper à la Justice. A ne pas agir, , nous prêterions la main au renforcement des ennemis de la liberté sur la scène internationale.
Lorsque même la Présidente de la Cour Suprême israélienne et sept anciens procureurs généraux affirment que la réforme en cours « saperait la démocratie israélienne », il est temps pour l’Europe de hausser le ton. Lorsque tous les jeunes palestiniens que nous avons rencontrés n’ont aucune confiance ni en la volonté des Israéliens de négocier une paix durable, ni en leur propre leadership moribond, l’Europe doit s’engager avant qu’il ne soit trop tard. La Palestine et Israël, méritent et nécessitent de toute urgence plus d’attention de la part des 27 de l’UE.
Si cette réforme entend rogner l’État de droit pour les citoyens juifs, elle ouvre plus encore la voie à un renforcement drastique des mesures de ségrégation envers les Palestiniens. Beaucoup d’Israéliens craignent qu’Itamar Ben Gvir et les siens multiplient les provocations pour mener à une troisième intifada, qui ouvrirait la porte à leurs rêves d’annexion définitive des territoires occupés.