Le président américain Joe Biden n’a cessé de présenter la rivalité entre son pays et la Chine comme une bataille entre la démocratie et l’autocratie, un affrontement idéologique évocateur de la guerre froide. Cette analogie est inexacte – les États-Unis et la Chine sont en compétition pour la suprématie stratégique mondiale – et exclut pratiquement toute résolution des différends.
Guerre froide
Le moment politique très fluide que vit l’Amérique contemporaine, entre redéfinitions et radicalisation partisanes, se traduit également dans les variations de l’opinion sur des sujets allant du libre-échange à la défense de la démocratie, où la Chine commence à occuper une place à part.
« Jamais depuis la disparition de l’Union soviétique en 1991 la compétition entre grandes puissances fut à ce point au cœur des relations internationales. La rivalité Pékin-Washington a également des conséquences planétaires ». Le point de vue de Barthélémy Courmont, enseignant-chercheur à l’Université catholique de Lille. Dans ce décor, l’Europe est sollicitée pour désigner un adversaire commun, un « rival systémique », et recomposer un front qui rappelle l’opposition qui divisa le Vieux Continent pendant près d’un demi-siècle.