Ce devait être l’arme fatale de la Russie pour faire plier l’Occident: plonger ses habitants dans un hiver infernal, froid et noir. C’est finalement un bide presque complet. Comme l’expliquent divers articles de Bloomberg, le président russe Vladimir Poutine a, pour l’instant du moins, échoué dans sa tentative de militarisation du gaz et du pétrole, les deux mamelles de sa nation, dans le cadre de la guerre en Ukraine.

L’heure est à la mobilisation générale. Face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité, chacun est prié de s’y mettre : tandis que les particuliers et les entreprises sont appelés à réduire leur consommation d’énergie, les producteurs d’électricité, de gaz et de pétrole sont contraints de mettre la main à la poche. Seul un secteur continue néanmoins de prospérer sans entrave : la finance.

Cette quantité phénoménale correspond à ce qui serait libéré dans l’atmosphère si les réserves de pétrole, de gaz et de charbon étaient totalement produites et utilisées.. Cela équivaut à « plus que toutes les émissions produites depuis la révolution industrielle » et « plus de sept fois le budget carbone restant pour respecter la température limite de 1,5 °C.

Pour la Russie, le «tsunami de cash» généré par le gaz et le pétrole a été, durant les premiers mois de la guerre, une bénédiction. Alors que le pays était frappé de sanctions de plus en plus sévères, cette manne du gaz et du pétrole permettait de faire rentrer des milliards de dollars dans les caisses russes, un argent indispensable pour financer la coûteuse guerre menée chez le voisin.

La guerre en Ukraine a remis la question de notre (in)dépendance énergétique dans beaucoup de discussions, notamment car l’Europe importe beaucoup de gaz et de pétrole de Russie (entre autres matières). La transition énergétique est une opportunité de faire fortement évoluer cette dépendance… Mais au risque d’en créer de nouvelles.

L’agression russe à l’égard de l’Ukraine met l’Europe au défi de réagir. Au centre de l’action d’une Union européenne militairement faible, mais économiquement puissante : des sanctions économiques. Tandis qu’une foule de mesures est prise, allant de l’exclusion du système d’échanges bancaires à une cessation de collaboration avec toutes les institutions publiques russes, la question de l’arrêt des importations d’hydrocarbures revient de manière lancinante.

Le décret de Vladimir Poutine, imposant aux « états hostiles », dont l’intégralité des états-membre de l’UE, de payer leurs factures de gaz en Roubles, avait embêté les Européens. De manière déterminée, tous les états refusèrent alors de se conformer à ce décret du Kremlin. Mais on a trouvé un moyen pour contourner notre propre politique. Si les Européens payent effectivement en Euro ou Dollars, Moscou reçoit des Roubles et peut ainsi stabiliser sa monnaie qui, depuis le début de la guerre, se trouvait sous une forte pression. Comme quoi, lorsqu’il s’agit de gros sous, on s’entend bien. Même avec l’ennemi.