Un soleil levant rougeoie à l’horizon depuis à peine une heure dans le petit aéroport de l’île de Lampedusa, située entre la Tunisie et la Sicile. Les trois membres de l’équipage du Seabird, l’avion de l’organisation allemande Sea-Watch piloté par l’ONG suisse Humanitarian Pilote Initiative (HPI), s’engagent sur les pistes. Le tarmac est quasi désert, à l’exception de l’hélicoptère noir et jaune de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes créée en 2004 pour protéger les frontières extérieures de l’espace Schengen.
Frontex
Le durcissement des conditions d’octroi de l’asile dans l’Union européenne, une tendance confirmée lors de la récente crise entre la Pologne et la Biélorussie, et les péripéties du Pacte migratoire dessinent une politique de plus en plus restrictive et éloignée des principes que l’UE est censée défendre. L’analyse de Francesca Spinelli.
L’offensive réactionnaire affecte nos représentations de l’autre, sa propre humanité – et la nôtre. Les vagues successives d’émigration qui viennent s’écraser sur les frontières européennes et la déshumanisation de la figure du migrant sonnent comme autant d’interpellations existentielles : Nous Européens, qui sommes-nous ? Que sommes-nous devenus ?
Unique agence de l’UE à avoir son siège à Varsovie, l’agence Frontex de garde-frontières et de gardes-côtes est devenue ces dernières années le premier corps européen en uniforme, avec un budget et un accès aux technologies de plus en plus importants. Que fait-elle de ces moyens ?
Le 11 novembre 2018, António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, déclarait : « Imaginez les conséquences d’un système autonome capable de repérer et d’attaquer de lui-même des êtres humains. J’invite les États à interdire ces armes qui sont politiquement inacceptables et moralement révoltantes