Les mesures de plus en plus restrictives de plusieurs pays européens pour interdire l’accès à leur territoire et les opinions qui les sous-tendent sont sans effet sur le développement des flux migratoires. Mais il y a de plus en plus de morts sur les routes de l’immigration, en particulier en Méditerranée. La réduction souhaitable du nombre de victimes va de pair avec des politiques plus respectueuses des droits humains.. Analyse avec Christian Jouret et Catherine Withol De Wenden
Frontex
Quatre-vingt-douze migrants ont été retrouvés nus, et pour certains blessés, le vendredi 14 octobre, après avoir été forcés à traverser la rivière Évros depuis la Turquie vers la Grèce. Les autorités grecques ont déclaré dimanche que ces hommes avaient été transportés au-delà de la frontière par trois véhicules de l’armée turque, et qu’ils avaient immédiatement reçu des vêtements, de la nourriture et les premiers soins.
Un soleil levant rougeoie à l’horizon depuis à peine une heure dans le petit aéroport de l’île de Lampedusa, située entre la Tunisie et la Sicile. Les trois membres de l’équipage du Seabird, l’avion de l’organisation allemande Sea-Watch piloté par l’ONG suisse Humanitarian Pilote Initiative (HPI), s’engagent sur les pistes. Le tarmac est quasi désert, à l’exception de l’hélicoptère noir et jaune de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes créée en 2004 pour protéger les frontières extérieures de l’espace Schengen.
Le durcissement des conditions d’octroi de l’asile dans l’Union européenne, une tendance confirmée lors de la récente crise entre la Pologne et la Biélorussie, et les péripéties du Pacte migratoire dessinent une politique de plus en plus restrictive et éloignée des principes que l’UE est censée défendre. L’analyse de Francesca Spinelli.
L’offensive réactionnaire affecte nos représentations de l’autre, sa propre humanité – et la nôtre. Les vagues successives d’émigration qui viennent s’écraser sur les frontières européennes et la déshumanisation de la figure du migrant sonnent comme autant d’interpellations existentielles : Nous Européens, qui sommes-nous ? Que sommes-nous devenus ?
Unique agence de l’UE à avoir son siège à Varsovie, l’agence Frontex de garde-frontières et de gardes-côtes est devenue ces dernières années le premier corps européen en uniforme, avec un budget et un accès aux technologies de plus en plus importants. Que fait-elle de ces moyens ?
Le 11 novembre 2018, António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, déclarait : « Imaginez les conséquences d’un système autonome capable de repérer et d’attaquer de lui-même des êtres humains. J’invite les États à interdire ces armes qui sont politiquement inacceptables et moralement révoltantes