Un paria dans son propre pays : c’est en ces termes que s’est décrit l’écrivain néerlandais Abdelkader Benali après le déferlement de généralisations et de commentaires racistes qu’a suscité, sur le cloaque qu’est devenu Twitter, sa réaction aux échauffourées survenues après le match de la Coupe du monde entre la Belgique et le Maroc. « On assimile toute une population aux méfaits d’un petit groupe »
Extrême droite
Chaque nouvelle élection disputée aux quatre coins de la planète nous voit imaginer le pire. On tremble pour le Brésil, pour l’Amérique, pour Israël, pour chacun de ces pays qui semblent prêts à se saborder pour mieux nous entraîner dans leur chute. Les résultats connus, on pousse un «ouf» de soulagement, un cri d’indignation, avant de regarder pleins d’angoisse la prochaine échéance.
Giorgia Meloni persiste et signe : elle confirme la double stratégie qu’elle avait mise en place durant sa campagne électorale victorieuse. D’un côté, rassurer Bruxelles et les marchés et de l’autre, conforter l’électorat traditionnel de l’extrême droite.
Tandis que les élections anticipées du 1er novembre ont vu les suprémacistes juifs faire une percée historique au Parlement, un nouveau visage de l’Etat hébreu se dessine. S’il se confirme dans la composition du prochain gouvernement, il devrait imposer à ses alliés occidentaux un réexamen de leurs relations avec Israël.
« Il est temps que nous redevenions propriétaires de notre État ! » scande Ben Gvir. L’autre vedette du sionisme religieux, Bezalel Smotrich, s’est joint aux danseurs pour « remercier Dieu ». Le parti de ces deux hommes est désormais la troisième force politique.
Le Brésil vote dimanche : face à face l’ex président de gauche Lula et le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro, un vote sous haute tension et au résultat incertain. Lors du scrutin du 2 octobre dernier, le parti de Bolsonaro est devenu le plus représenté à la Chambre et au Sénat, il va diriger les Etats les plus peuplés du pays.
Cette montée en puissance des forces d’extrême droite est animée par de passions motrices : le rejet de la démocratie représentative, sur fond de « dégagisme » ; le sentiment de dépossession des attributs de la souveraineté face aux flux migratoires et au pouvoir d’une économie globalisée et financiarisée.
Cette fois la victoire de l’extrême droite et de la droite entre de plain-pied dans la réalité quotidienne des Italiens. La désignation du gouvernement Meloni, ce 22 octobre, donne la mesure du bouleversement culturel et politique que constitue cette première dans un pays dont la constitution est basée sur l’antifascisme
Ignazio La Russa, élu, jeudi, à la tête du Sénat. Ce vieux routard de la politique italienne, déjà vice-président de la chambre haute sous la législature précédente, est le cofondateur de Fratelli d’Italia avec Giorgia Meloni. Son élection à la tête du Sénat a été un moment choc plus que symbolique
En caricaturant Annie Ernaux sous les traits d’une écrivaine «wokiste» ou «islamogauchiste», voire indigéniste, et même antisémite, on jette le discrédit sur son œuvre, on jette aussi un label d’infamie sur le prix Nobel, on cherche à gommer son pouvoir de crédibilisation.
Crédité d’environ 45 % des intentions de vote au premier tour, il semble difficile que Lula perde l’élection présidentielle d’octobre prochain. Jair Bolsonaro, le président d’extrême droite sortant, malgré ses 34 % dans les sondages, n’est pas encore battu. Une victoire dès le premier tour de l’ancien président de centre-gauche, Luis Inacio Lula da Silva (du Parti des travailleurs, PT), éviterait au pays de se retrouver dans une situation similaire à celle qui est survenue aux États-Unis en 2020, avec une contestation du résultat par Jair Bolsonaro et ses partisans. Mais une telle victoire semble très peu probable.
Lula est donné vainqueur dans les sondages, mais Bolsonaro dénonce par avance la triche, à la manière de Donald Trump. Cette élection à haut risque est un test pour la démocratie brésilienne mais aussi au-delà. L’
histoire récente montre que si les populistes ou antisystèmes expriment une vraie colère, ils ne parviennent pas y apporter de réponses une fois aux affaires. L’alternance démocratique est alors là pour les dégager. A condition que la démocratie soit respectée : dans le climat mondial actuel, ce n’est pas garanti.