Que reste-t-il de la gauche en Europe? L’un des derniers pays où elle gouverne, l’Espagne, s’est trouvé submergé par une marée conservatrice le 28 mai, lors des élections locales. Sur les dix plus grandes villes, les socialistes n’en dirigent plus qu’une, après avoir perdu –entre autres– Séville, Valence, Valladolid. Ainsi que six des dix régions qu’ils détenaient. La gauche radicale de Podemos est, elle, balayée, passant sous les 5% à Madrid et à Valence. Quelques jours avant, c’est en Grèce que la gauche subissait une déculottée historique.

Les dirigeants de droite de l’UE se sont félicités de la consolidation du parti d’extrême droite VOX lors des récentes élections en Espagne, tandis que la coalition conservatrice au pouvoir en Italie a souligné la nécessité de resserrer les rangs au sein de la droite européenne. « En juin, nous pouvons donner à l’Europe une nouvelle majorité populaire-conservatrice. Il n’y a pas que l’Italie et l’Espagne, la Suède et la Finlande ont déjà des gouvernements dirigés par des conservateurs. Il y a aussi la Pologne et la Hongrie. Je ne pense pas qu’il y ait des difficultés en Grèce. Si c’est la tendance, il est temps d’avoir une nouvelle majorité au Parlement européen et une nouvelle Commission européenne »,

Le scrutin de dimanche a consacré une large victoire du Parti populaire de droite, qui devra s’allier dans certaines régions avec l’extrême-droite et part désormais favori pour les élections générales de juillet. Le résultat est une claque pour les socialistes de Pedro Sánchez. les Conservateurs vont toutefois devoir s’allier un peu partout avec l’encombrante extrême-droite de Vox. Celle-ci a déjà montré son pouvoir de nuisance en Castille-Leon, où elle a tenté d’imposer son agenda ultra-conservateur, notamment en tentant de dissuader les femmes d’avorter.

En prenant la tête d’une coalition d’extrême droite fin décembre 2022, Benyamin Netanyahou s’est éloigné de sa « marque » pour passer en « mode survie ». Pour reprendre – après dix-huit mois d’absence – les rênes du pouvoir exécutif, il n’hésitera pas à distribuer des postes-clés de son gouvernement (comme les Finances et la Sécurité nationale) à des ministres dont certains s’avouent racistes et fiers de l’être. Il ira même jusqu’à satisfaire à toutes les revendications (budgétaires et politiques) présentées par ses partenaires gouvernementaux, perdant sa capacité de négocier, voire de refuser certaines exigences qu’il jugeait inadéquates.

La révolution judiciaire tentée par le gouvernement de Binyamin Netanyahou a suscité des protestations massives, d’une ampleur sans précédent dans l’histoire du pays. Bien sûr, il y a la prise de conscience que la démocratie est violemment remise en cause, et qu’Israël risque de glisser vers l’illibéralisme de la Pologne et de la Hongrie, où les atteintes à la démocratie ont commencé par les attaques contre l’indépendance des juges. Mais il semble bien que les causes de la révolte soient beaucoup plus profondes.

A chacun sa conception du 1er Mai. Le gouvernement italien d’extrême droite a choisi le jour des droits des travailleurs pour supprimer, lors d’un conseil des ministres exceptionnel ce lundi 1er mai, le «revenu de citoyenneté», une aide bénéficiant à des millions de personnes pauvres pour la remplacer par un chèque au périmètre plus limité. L’opposition et les syndicats dénoncent une «provocation».

Un nouveau camp politique plaçant l’attachement à l’État de droit au-dessus des clivages traditionnels semble émerger du mouvement de protestation d’une part importante de la société israélienne contre le projet de réforme judiciaire. La réforme judiciaire et l’entrée au gouvernement de religieux nationalistes jusque-là considérés comme d’improbables ministres en raison de leurs positions extrémistes, ont modifié la donne.

Alors qu’il se faisait fort de neutraliser dans la pratique du pouvoir les éléments extrémistes de la coalition la plus à droite de l’histoire du pays, le premier ministre israélien en est devenu l’otage. Au point de voir sortir la question palestinienne de l’angle mort dans lequel elle était maintenue. Les outrances du ministre des finances, Bezalel Smotrich, un suprémaciste juif qui a justifié une opération punitive conduite par des colons radicaux dans un village palestinien après un attentat, puis nié l’existence même d’un peuple palestinien, ont commencé à dessiller les yeux.

Le projet de réforme judiciaire divise profondément Israël depuis plusieurs semaines. Annoncée début janvier, la réforme judiciaire israélienne vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Elle comprend notamment l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême. La tension est montée d’un cran ce week-end, lorsque le Premier ministre Benyamin Netanyahou a limogé son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui venait d’appeler à une pause d’un mois dans le processus de réforme.

Dans d’un discours à Paris, Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances, a nié l’existence des Palestiniens. Ce que montrent les déclarations de Bezalel Smotrich, c’est qu’une partie de la coalition israélienne ne craint pas la crise, voire la souhaite. Elle espère ainsi franchir une nouvelle étape dans la prise de contrôle rampante des territoires palestiniens.

Le Président israélien a appelé au retrait des réformes judiciaires de Netanyahou. Un schisme menace Israël,il y a dans la vague de protestations actuelles une dimension existentielle ; non pas comme en temps de guerre, sur la survie même de l’État hébreu – mais sur son identité, son système politique, ou encore le poids de la religion. C’est parfois difficile à comprendre de l’extérieur, où nous regardons le plus souvent cette partie du monde à travers le seul prisme du conflit israélo-palestinien – qui est, lui aussi, en train de s’aggraver… Un attentat hier soir à Tel Aviv est d’ailleurs venu rappeler que les deux crises évoluent en parallèle.

Pour la première fois, une tutelle civile est reconnue pour les implantations israéliennes de Cisjordanie occupée. Cet arbitrage témoigne de la réalité du rapport de force entre le bloc d’extrême droite et un premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui est son obligé. Le transfert de compétences de l’armée occupante à un élu représentant le gouvernement, constitue en soi une affirmation de souveraineté israélienne. Il témoigne de la réalité du rapport de force entre le bloc d’extrême droite et un premier ministre qui est son obligé, et il constitue un puissant appel d’air en faveur de la colonisation.