Pour Engie il n’y avait donc plus de perspectives de développement dans l’atome dès 2017 : le parc est vieillissant et la gestion des déchets est un puits sans fond qui se creuse d’année en année de plusieurs dizaines de milliard d’euros . L’Etat devient donc propriétaire de réacteurs nucléaires au pire moment de l’histoire de la filière. Au moment où le privé voit plus les risques et les externalités négatives que les profits.

Quand un Etat s’entête à ne pas respecter la loi, on parle de désobéissance incivile. Il s’agit de la transgression assumée d’une loi non par la société civile mais par l’État, assortie de violence dans son exécution ou ses conséquences. Ces attributs peuvent être illustrés par l’actuelle crise de l’asile en Belgique. C’est ainsi que la Belgique rechigne à appliquer la « loi accueil » malgré de multiples condamnations.

« Il y a une incompatibilité fondamentale entre le système d’économie de marché et la remédiation écologique. On est déchiré entre un narcissisme consumériste de plus en plus important, révélé par cette inflation, et des défis qui vont annihiler ce que nous cherchons aujourd’hui. On est déchiré entre un présent dont on veut profiter jusqu’à la dernière goutte et un futur dont on sait qu’il est remis en cause par l’écologie. »

Des juristes, des travailleurs du secteur social, des membres du personnel académique et associatif, adressent une lettre ouverte à la secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Nicole de Moor. Ils exigent la mise en place de solutions d’urgence pour éviter que des enfants, des femmes et des hommes dorment à la rue. Au moins une des femmes contraintes de dormir à la rue par manque de place a été violée.

David Cayla expose sa vision du bitcoin, critiquant sans détours l’idéologie derrière cette monnaie numérique. « nous ne pouvons pas dissocier l’économie de la politique, les deux se nourrissent mutuellement. Et l’économie sans politique n’a jamais existé et ne peut pas exister. Elle est la conséquence de décisions politiques prises dans le cadre d’une gestion collective des choses. »

Faut-il que l’Etat Belge exploite lui-même les réacteurs nucléaires ? C’est la proposition que fait Engie à l’Etat Belge. Participer aux bénéfices, participer aussi aux risques. Si l’on prend le temps de se tourner vers l’histoire, cette proposition flirte entre le gâchis et l’insulte. Aucun intérêt supérieur ne parvenait à mobiliser les acteurs de la particratie belge de la fin des années 80 autour d’un dossier aussi stratégique, c’est ça le pays de singes dont parlait Eyskens en 91. Engie n’a connu que ça, un pays de singes. Les singes ont fait sa fortune. Il est donc normal qu’Engie continue de nous traiter comme des singes.

L’agence de contrôle nucléaire a pointé toute une série de conditions pour pouvoir prolonger les centrales. On devrait en rajouter une : la Belgique est-elle un Etat suffisamment fort pour relancer une filière nucléaire ? . L’Etat Belge largement affaibli, marqué par une instabilité chronique, dans un marché libéralisé où la question de l’indépendance énergétique passe au second plan est-il en mesure de faire le choix nucléaire ?

Après avoir refermé Le système Amazon, une histoire de notre futur (Seuil, éditions du sous-sol, 2021), la longue enquête d’Alec MacGillis, journaliste au New Yorker et pour la fondation Pro Publica, on se dit que l’entreprise incarne plus que toute autre l’adage selon lequel le pire n’est jamais certain. Depuis la crise sanitaire, elle continue d’exacerber les inégalités entre, d’une part, les territoires reculés et pauvres où poussent ses entrepôts, et de l’autre les villes prospères qui accueillent ses cols blancs.