La justice turque a condamné le philanthrope Osman Kavala à la prison à vie pour avoir voulu « renverser le gouvernement ». Un procès inique qui s’assoit sur une décision de la Cour européenne des droits de l’homme et toutes les normes de droit.
Erdogan
Le président turc a fait marche arrière. Il menaçait d’expulser les ambassadeurs de dix pays, dont les Etats-Unis, l’Allemagne et la France, à qui il reproche d’avoir signé un appel en faveur de la libération de l’homme d’affaires et philanthrope Osman Kavala. Il a reculé devant un jeu aussi dangereux.
En intervenant dans cette partie de l’Asie centrale, Erdoğan espère sans doute jouer un rôle diplomatique. Le président Erdoğan «voit des opportunités là où d’autres ne voient que des problèmes», déclarait récemment la directrice d’un think-tank turc. Après l’avoir fait au Soudan, en Somalie et en Libye, détruits et ruinés par des années de guerre civile, le numéro 1 turc semble en effet prêt à engager son pays dans l’Afghanistan des talibans. Mais sur quelles bases: ethniques, religieuses, stratégiques ou politiques?
Nétanyahou, le Hamas et Erdogan apparaissent comme les grands « gagnants » de la récente crise autour de Gaza, à la différence des « perdants » que sont Joe Biden, l’Union européenne et les Emirats arabes unis.
Les prédécesseurs du Démocrate avaient toujours évité d’aller aussi loin pour ne pas irriter la Turquie, une alliée stratégique au sein de l’Otan.
« Le spectacle pathétique d’Ankara présente néanmoins une grande utilité, estime Franklin Dehousse. Il montre la nécessité d’une réforme. »
Au pouvoir depuis 2014, le président turc Recep Tayyip Erdoğan commence à voir ses rêves de grandeur impérialiste s’envoler. Celui qui, jusqu’à présent, menait impunément une politique islamiste et nationaliste de répression violente, est la cible d’un nouveau mouvement d’opposition incarné par les femmes et les universitaires. Récit d’une nouvelle respiration démocratique dans une société turque de plus en plus clivée.