La nomination du général Guerassimov annonce non seulement une nouvelle offensive plus rigoureuse et plus continue sur le plan militaire mais aussi une nouvelle posture stratégique à l’échelle de la région… et, possiblement, une nouvelle donne politique à Moscou.
Cyrille Bret
La double contre-offensive de l’Ukraine dans le sud et dans le nord-est du pays est pour l’instant un succès. Mais a-t-elle les moyens de remporter une victoire militaire décisive et incontestable?
Les négociations se poursuivent entre l’Ukraine et la Russie. Le président ukrainien accepte d’évoquer le Donbass et la Crimée mais rejette les exigences de Poutine.Il n’insiste plus sur l’adhésion à l’Otan. Le seul accord jusqu’ici porte sur l’ouverture de couloirs humanitaires. Pour Cyrille Bret enseignant à Sciences Po, la Russie instaure un troc entre les vies humaines et la soumission
Stratégiques, idéologiques et historiques: les clés pour comprendre les raisons des opérations militaires en Ukraine. Pour y voir plus clair, il est indispensable d’examiner l’argumentaire déployé par les autorités russes pour justifier leurs actions. Dans la guerre en Ukraine, les non-dits sont tout aussi importants qui les discours. Le storytelling officiel ne dit pas tout. Mais il est en lui-même éloquent.
Aujourd’hui, l’Ukraine est en piteux état mais elle est définitivement perdue pour la Russie. La plus importante des anciennes Républiques Socialistes Soviétiques est irrémédiablement tournée vers l’Occident sur tous les plans. La majorité de la population ne veut pas rejoindre la Fédération ; les élites accélèrent la redéfinition de l’identité nationale séparément de la Russie ; les Occidentaux font bloc pour assurer son indépendance. La reconnaissance de l’indépendance de régions séparatistes à la Fédération de Russie acte la limite des marges d’action russe dans ce pays