Le futur du Brésil et de l’Amazonie se jouera en partie dans la fin du sentiment d’impunité, qui a marqué le mandat de Bolsonaro et n’a pas disparu, loin s’en faut. Un certain nombre d’actions menées par les partisans de l’ancien président en témoignent. La plus visible est l’attaque contre les institutions menée lors du putsch raté de la semaine dernière. Mais en arrière-plan, de façon plus discrète, une culture politique de refus de l’ordre démocratique reste très active. L’Amazonie est un de ses terrains, au point qu’on peut y voir une citadelle assiégée par les ultras bolsonaristes.
Complotisme
Les prises de position du milliardaire, tout comme sa gestion du réseau social, témoignent d’une ligne résolument favorable au conservatisme extrémiste et à la complosphère. Celui qui expliquait il y a quelques semaines avoir procédé à cette acquisition pour aider l’humanité, en bon techno-solutionniste messianique, révèle peu à peu un autre objectif: la lutte contre tout ce qui touche de près ou de loin au progressisme et la promotion du confusionnisme apprécié des sphères de l’alt-right.
Nourrie par la lâcheté des responsables républicains, la fièvre antidémocratique portée par Donald Trump depuis sa défaite en 2020 n’est jamais retombée.
Après le Covid-19, c’est au tour de la crise de l’énergie de fournir un terrain propice aux théories complotistes et à la désinformation, observe ce magazine belge. Les ingrédients sont réunis : des prix en hausse, des mesures impopulaires et un public en quête de réponses et d’aide.
En tentant de prendre le contrôle du réseau social, le patron de Tesla, libertarien assumé, veut en faire un espace de libre expression absolue, sans modération. Le risque est grand d’ouvrir ainsi la porte aux menaces, au harcèlement, aux propagandes en tout genre et au complotisme.
Chercheur en science politique, professeur agrégé de sciences sociales et directeur de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès, Antoine Bristielle publie Voyage en terres complotistes chez Fayard, un livre qui chercher à décrypter ce phénomène de société et à en analyser les causes et les moyens d’action pour y faire face.
En attaquant la réalité, ces stratégies contribuent à la changer. Les plus de 30.000 affirmations fallacieuses attribuées à Donald Trump lors de ses quatre années de présidence ont préparé une majorité de ses partisans à croire à la « giga-fraude électorale » qui l’aurait privé d’un second mandat. Une croyance qui hante désormais la démocratie américaine et qui corrode le principe du consentement informé sur lequel elle est théoriquement fondée.
Depuis le début de l’actuelle pandémie, chacun peut constater que la science et la médecine ont de moins en moins la cote auprès d’un certain public. Si nombreux sont les citoyens qui se réjouissent de l’arrivée de vaccins contre le Sars-Cov2, qui respectent les recommandations des épidémiologistes et qui suivent l’avancée spectaculaire des connaissances médicales, il en est qui rejettent en bloc la science, la médecine moderne et les médicaments qu’elles nous proposent.