La Flandre en affaires courantes, c’est un symbole politique inédit. Pour comprendre cette crise politique qui secoue le nord du pays, il faut d’abord prendre la mesure de ce que ce blocage suscite comme réactions. On l’a déjà dit ici, le cœur du projet politique flamand depuis les années 80 est de faire mieux que le niveau national (puis fédéral) devenu synonyme des conflits incessants.
Or, cette crise de l’azote qui succède à d’autres depuis 3 ans, est une entaille dans le contrat, une brèche dans le récit régionaliste du Good Bestuur (bonne gestion).
CD&V
En discussion depuis des mois sur le sujet, le gouvernement flamand n’arrive plus à s’entendre et est au bord de l’implosion. De nombreux experts estiment même que la survie de la coalition N-VA/CD&V/Open Vld se joue sur ce dossier. La raison de cette zizanie? L’élevage industriel dans le nord du pays, qui produit ainsi une quantité astronomique d’azote.
Non, le gouvernement de Jan Jambon ne parvient plus à démontrer que ce que la Flandre fait elle-même, elle le fait mieux que la Belgique. La N-VA peut allumer des contre-feux, dénoncer l’impéritie du fédéral sur bien des dossiers, elle ne peut plus cacher que même en Flandre la décision politique est devenue chaotique et compliquée. Cela rend beaucoup plus difficile une campagne axée sur le confédéralisme où la Flandre hériterait de compétences encore plus nombreuses. Cela rend aussi très compliqué une reconduction de l’actuelle majorité.
Généralement les partis évitent de catégoriser autant l’électorat dans leur communication publique. Mais cela démontre le souhait du CD&V de redevenir le parti des enfants du baby boom. Il y aura donc une bataille des boomers entre surtout le CD&V, le VLD et la N-VA au nord du pays. Il y aura aussi une bataille des jeunes entre le Vlaams Belang, le PTB Groen et Vooruit. Une lutte des classes… d’age.
La purge continue au CD&V, après le président des démocrates chrétiens flamands, c’est le ministre flamand Wouter Beke qui démissionne. Le CD&V a tué son père, une fois de plus. Le sacrifice est une spécialité maison. Premier constat : aucun parti n’a perdu autant de cadres ces dernières années. Yves Leterme, Koen Geens, Kris Peeters, Marianne Thyssen, Steven Vanackere, Stefaan de Clerck, Pieter de Crem, Inge Vervotte. Dans les couloirs du CD&V les photos des employés du mois tiennent de la galerie mortuaire. Une hémorragie qui n’a d’équivalent dans aucun autre parti.