Les pays membres du G7 ont fait preuve d’ouverture en voulant associer des grandes démocraties du « Sud global », mais ils ont voulu le faire à leurs conditions et à celle du président ukrainien, sans tenir compte des sensibilités de ces États. Les Occidentaux ont montré qu’ils prennent conscience de cette division avec les pays du « Sud global », mais s’ils continuent à penser qu’il suffit de quelques consultations pour que les pays du Sud se rallient à leurs positions, ils se trompent d’époque.

Le futur du Brésil et de l’Amazonie se jouera en partie dans la fin du sentiment d’impunité, qui a marqué le mandat de Bolsonaro et n’a pas disparu, loin s’en faut. Un certain nombre d’actions menées par les partisans de l’ancien président en témoignent. La plus visible est l’attaque contre les institutions menée lors du putsch raté de la semaine dernière. Mais en arrière-plan, de façon plus discrète, une culture politique de refus de l’ordre démocratique reste très active. L’Amazonie est un de ses terrains, au point qu’on peut y voir une citadelle assiégée par les ultras bolsonaristes.

Une partie importante des barons de la droite brésilienne et du centre droit exprime un rejet très clair et est obligée de marquer une solidarité fonctionnelle et légale auprès du président. Cela peut permettre à Lula de construire un front démocratique élargi autour duquel il obtiendra une collaboration fonctionnelle d’une partie de la droite et du centre droit qui jusqu’à présent était derrière Bolsonaro.

Alexandre de Moraes, juge de la cour suprême, a annoncé vendredi qu’il acceptait d’inclure l’ex-président brésilien dans l’une des enquêtes sur l’assaut du parlement dimanche dernier, comme le lui avait demandé plus tôt dans la journée le parquet général. Plusieurs procureurs se demandent si M. Bolsonaro a incité à “l’exécution publique d’un crime”.

Il faut réfléchir au fait que les démocraties ont trop souvent oublié les aspects sociaux et sont restées impuissantes et/ou passives face à l’accroissement des inégalités. On a oublié le social. Les démocraties doivent également être des démocraties sociales si on veut qu’elles s’enracinent et elles doivent ne plus accepter, comme elles le font passivement, le mensonge comme mode d’action.

Cette séquence constitue un événement inédit dans l’histoire de la République brésilienne. Il s’agit de la première fois qu’une attaque d’aussi grande ampleur contre les institutions fédérales se produit. Elle révèle que la crise politique brésilienne qui a commencé par les manifestations de 2013 est loin d’être résolue.
Comment comprendre cette séquence de violence inédite ? Quelles conséquences aura-t-elle sur la démocratie brésilienne ?

Après avoir obtenu 48,4 % des suffrages au premier tour, Lula a besoin de moins de 2 millions de voix pour remporter l’élection, tandis que Bolsonaro doit en trouver 8 millions. Malgré une dynamique post-électorale pro-Bolsonaro, Lula est donc beaucoup plus proche de la victoire. Mais le contexte actuel plaide plutôt pour une marge très étroite entre les deux candidats.