Le futur du Brésil et de l’Amazonie se jouera en partie dans la fin du sentiment d’impunité, qui a marqué le mandat de Bolsonaro et n’a pas disparu, loin s’en faut. Un certain nombre d’actions menées par les partisans de l’ancien président en témoignent. La plus visible est l’attaque contre les institutions menée lors du putsch raté de la semaine dernière. Mais en arrière-plan, de façon plus discrète, une culture politique de refus de l’ordre démocratique reste très active. L’Amazonie est un de ses terrains, au point qu’on peut y voir une citadelle assiégée par les ultras bolsonaristes.
Bolsonaro
Une partie importante des barons de la droite brésilienne et du centre droit exprime un rejet très clair et est obligée de marquer une solidarité fonctionnelle et légale auprès du président. Cela peut permettre à Lula de construire un front démocratique élargi autour duquel il obtiendra une collaboration fonctionnelle d’une partie de la droite et du centre droit qui jusqu’à présent était derrière Bolsonaro.
Alexandre de Moraes, juge de la cour suprême, a annoncé vendredi qu’il acceptait d’inclure l’ex-président brésilien dans l’une des enquêtes sur l’assaut du parlement dimanche dernier, comme le lui avait demandé plus tôt dans la journée le parquet général. Plusieurs procureurs se demandent si M. Bolsonaro a incité à “l’exécution publique d’un crime”.
Cette séquence constitue un événement inédit dans l’histoire de la République brésilienne. Il s’agit de la première fois qu’une attaque d’aussi grande ampleur contre les institutions fédérales se produit. Elle révèle que la crise politique brésilienne qui a commencé par les manifestations de 2013 est loin d’être résolue.
Comment comprendre cette séquence de violence inédite ? Quelles conséquences aura-t-elle sur la démocratie brésilienne ?
L’invasion du Congrès, de la Cour suprême et du palais présidentiel à Brasilia par des partisans de l’ex- président Jair Bolsonaro illustre la prétention des populistes à s’arroger le droit parler au nom du peuple et leur incapacité à respecter les règles démocratiques.
L’épisode «Le show de Waldo», consacré à la candidature d’un personnage de cartoon carburant aux injures à une élection partielle, semblait peu réaliste. Mais la nuit du 8 novembre 2016 a prouvé que la réalité avait dépassé la fiction. Au soir de la victoire du Républicain, le compte Twitter de Black Mirror constatait: «Ce n’est pas un épisode. Ce n’est pas du marketing. C’est la réalité.»
La sociologue Eva Illouz s’attaque cette fois à la matrice émotionnelle du populisme en prenant l’Israël de Netanyahou comme terrain d’étude. L’occasion d’identifier quatre affects sur lesquels s’appuient des leaders populistes tels que Netanyahou, mais aussi Trump, Bolsonaro ou Orbán pour nourrir leur propagande et asseoir leur légitimité : le ressentiment, la peur, le dégoût et l’amour de la patrie.
Jair Bolsonaro a été vaincu dans les urnes, mais son mandat et ses méthodes ont durablement marqué une société fragilisée. Malgré ses divergences internes, le discours bolsonariste conçoit le leader et ses partisans comme des soldats dans la lutte contre «le système».
L’étroitesse de la victoire du candidat à la présidentielle face à Jair Bolsonaro dit combien la tâche est immense, tant le bolsonarisme est désormais ancré au Congrès ainsi que dans de nombreux Etats du géant sud-américain.
La victoire de Lula au Brésil ne doit pas cacher le score très élevé de son rival Bolsonaro, qui illustre la résilience des politiciens populistes même quand leur bilan et leur éthique sont faibles, à l’instar de Netanyahou en Israël et de Trump aux États-Unis.
Le Brésil vote dimanche : face à face l’ex président de gauche Lula et le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro, un vote sous haute tension et au résultat incertain. Lors du scrutin du 2 octobre dernier, le parti de Bolsonaro est devenu le plus représenté à la Chambre et au Sénat, il va diriger les Etats les plus peuplés du pays.
Après avoir obtenu 48,4 % des suffrages au premier tour, Lula a besoin de moins de 2 millions de voix pour remporter l’élection, tandis que Bolsonaro doit en trouver 8 millions. Malgré une dynamique post-électorale pro-Bolsonaro, Lula est donc beaucoup plus proche de la victoire. Mais le contexte actuel plaide plutôt pour une marge très étroite entre les deux candidats.