Vladimir Poutine et Olaf Scholz ont du apprendre quelque chose pendant leurs déplacements à Moscou et Washington : les puissants du monde se fichent pas mal de ce que les Européens peuvent bien penser ou vouloir. Et Olaf Scholz a du se rendre compte que la décision concernant l’ouverture du gazoduc « Nord Stream 2 » ne se prend pas à Berlin, mais à Washington. Et du coup, les présumés leaders européens se trouvent réduits à leur taille réelle.

En se posant en garant des intérêts supérieurs de la nation, iVladimir Poutine gagne en majesté. Selon les Occidentaux, une telle clé d’interprétation expliquerait à la fois que M. Vladimir Poutine ait durci la répression de ses opposants et qu’il ait dans le dossier ukrainien réclamé aux États-Unis des garanties de sécurité dont il savait qu’elles ne seraient pas satisfaites

Poutine pense-t-il qu’il vaut la peine de prendre le risque d’une guerre pour tenter d’obtenir ce qu’il veut, ce qu’il envisage comme un retour au destin de grande puissance de la Russie? Biden sera-t-il capable de trouver suffisamment de compromis pour détourner Poutine de l’idée de la guerre sans trop lui céder? Les prochains mois vont mettre les nerfs de tout le monde à rude épreuve.

Le président américain Joe Biden n’a cessé de présenter la rivalité entre son pays et la Chine comme une bataille entre la démocratie et l’autocratie, un affrontement idéologique évocateur de la guerre froide. Cette analogie est inexacte – les États-Unis et la Chine sont en compétition pour la suprématie stratégique mondiale – et exclut pratiquement toute résolution des différends.

L’Amérique, ce sont deux cultures dans une nation. La première de ces cultures apporta l’esclavage, le génocide des Américains natifs, les lois « Jim Crow » imposant la suprématie blanche, et la brutalité, les mensonges, la cruauté de l’ancien président Donald Trump, qui trouvèrent leur expression paroxystique dans l’assaut contre le Capitole du 6 janvier. L’autre culture apporta l’émancipation, le mouvement des droits civiques, le président Barack Obama et, aujourd’hui, l’élection de Joe Biden. La culture suprémaciste blanche – à laquelle adhère, en Amérique, une minorité qui va en s’étrécissant – a toujours fondé son pouvoir sur la violence et sur les restrictions du droit de vote. C’est la raison pour laquelle la bataille actuelle sur le droit de vote engage l’avenir de l’Amérique.