Les discours de Vladimir Poutine et de Joe Biden ont rappelé la rhétorique de la guerre froide. Mais la situation d’aujourd’hui, avec la guerre en Europe, la Chine aux aguets et un ordre international en miettes, est beaucoup plus complexe.
Biden
Au cœur de l’affrontement global des capitalismes politiques, l’Europe n’a pas encore trouvé sa place. Or dans sa projection internationale, elle ne peut faire autrement que de commencer par le problème central : sa relation avec les États-Unis. Selon Riccardo Perissich, la relation transatlantique doit glisser vers un nouveau théâtre : l’Asie.
Aux Etas-Unis, Emmanuel Macron a critiqué le patriotisme économique américain, qui met à mal une industrie européenne déjà fragilisée. Mais ce discours révèle en creux le manque de consensus des Vingt-sept à définir une riposte commune. Il iexiste un risque que « la France et l’Europe deviennent une variable d’ajustement ».
Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les sondages d’après scrutin montrent une nouvelle chute de popularité de l’ancien président qui n’a recueilli que 37% d’opinions favorables contre 43% pour Biden. Au surplus, comme l’a souligné le New York Times dans son édition du 10 novembre, un certain nombre de candidats rejetant le scrutin de 2020 ont été battus au profit de Démocrates modérés ou mis en difficulté.
La sénatrice démocrate Catherine Cortez Masto a battu de justesse son adversaire républicain Adam Laxalt dans l’État du Nevada, permettant à son parti de conserver le contrôle du Sénat. Une défaite cinglante pour les républicains et Donald Trump. La “vague rouge” annoncée par les analystes avant les élections définitivement nulle et non avenue
« L’idée d’une seconde guerre civile américaine est ainsi passée du stade de fantasme marginal à celui de courant médiatique dominant »
La Russie a essuyé une nouvelle humiliation avec l’explosion qui a visé le pont jeté sur le détroit de Kertch, le 8 octobre. Il était le symbole triomphant de l’annexion unilatérale et illégale de la Crimée, le voici devenu l’illustration d’une ambition impériale mal en point. Cette humiliation ne peut que raviver les discours les plus extrêmes sur les plateaux de télévision russes, où la propagande la plus folle se déverse au quotidien. La menace d’un recours à l’arme nucléaire y figure en bonne place.
C’est un cauchemar récurrent. Oxford, Michigan, 30 novembre 2021 : 4 élèves tués, 6 blessés. Santa Fe, Texas, 18 mai 2018 : 10 morts, 10 blessés. Parkland, Floride, 14 février 2018 : 17 morts, dont une majorité d’adolescents. Une liste presque sans fin de fusillades en milieu scolaire, et qui vient encore de s’allonger. Mardi, Salvador Ramos, 18 ans, a fauché sous ses balles 21 personnes, dont 19 enfants, dans une école primaire d’Uvalde, au Texas.. Le président américain Joe Biden a appelé à « affronter le lobby des armes »
Après deux mois de conflit, la Russie enregistre déconvenue sur déconvenue en Ukraine, la parole publique du Kremlin s’hystérise, au risque de justifier une escalade encore plus incontrôlable. Solidaires sans pour autant parler d’une même voix, les soutiens occidentaux de Kiev sont pris dans cette spirale.
En accusant Vladimir Poutine de commettre un génocide en Ukraine, Joe Biden semble fermer la porte à une solution négociée. Qui peut faire la paix avec une puissance génocidaire ? Et jusqu’où iront les forces spéciales américaines qui semblent présentes en Ukraine ?
Vladimir Poutine et Olaf Scholz ont du apprendre quelque chose pendant leurs déplacements à Moscou et Washington : les puissants du monde se fichent pas mal de ce que les Européens peuvent bien penser ou vouloir. Et Olaf Scholz a du se rendre compte que la décision concernant l’ouverture du gazoduc « Nord Stream 2 » ne se prend pas à Berlin, mais à Washington. Et du coup, les présumés leaders européens se trouvent réduits à leur taille réelle.
En se posant en garant des intérêts supérieurs de la nation, iVladimir Poutine gagne en majesté. Selon les Occidentaux, une telle clé d’interprétation expliquerait à la fois que M. Vladimir Poutine ait durci la répression de ses opposants et qu’il ait dans le dossier ukrainien réclamé aux États-Unis des garanties de sécurité dont il savait qu’elles ne seraient pas satisfaites