Le dossier du master en médecine de Mons met le feu au gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles. Après le gouvernement flamand avec l’Azote, le gouvernement Bruxellois avec la friche Josaphat, c’est donc une troisième entité fédérée qui se retrouve avec un blocage. Sans doute faut-il y voir également un énième avertissement au MR, s’il le fallait encore, un an avant les élections : la stratégie de Georges-Louis Bouchez irrite les autres présidents de parti et risque d’écarter le MR du pouvoir. Mais qui au MR pouvait encore l’ignorer ?
Bertrand Henne
Faut-il évaluer les enseignants et éventuellement les licencier en cas de mauvaise évaluation ? Les syndicats sont vent debout contre le projet de la ministre Caroline Désir. Mais c’est un bras de fer qui dure en réalité depuis plus de 30 ans. Depuis la fin des années 80 s’est posée de manière aiguë cette question : les enseignants doivent-ils rendre des comptes à la société ? Jusqu’à quel point sont-ils responsables du taux important d’échec et de la faible efficacité de l’enseignement ?
PS et Ecolo ont accepté la réforme au nom du retour de l’Etat de droit mais sans garanties que la crise de l’accueil soit durablement sous contrôle. La création de place va mettre du temps, des semaines, voire plus. Des demandeurs d’asile qui ont reçu une décision négative vont devoir quitter l’accueil dans les 30 jours pour laisser la place à d’autres. Mais où vont aller ces gens et dans quelles conditions ? Si des demandeurs se retrouvent à nouveau à la rue, la crise reviendra comme un boomerang au sein de l’exécutif. On attendra donc, pour triompher sur le retour de l’Etat de droit.
La Flandre en affaires courantes, c’est un symbole politique inédit. Pour comprendre cette crise politique qui secoue le nord du pays, il faut d’abord prendre la mesure de ce que ce blocage suscite comme réactions. On l’a déjà dit ici, le cœur du projet politique flamand depuis les années 80 est de faire mieux que le niveau national (puis fédéral) devenu synonyme des conflits incessants.
Or, cette crise de l’azote qui succède à d’autres depuis 3 ans, est une entaille dans le contrat, une brèche dans le récit régionaliste du Good Bestuur (bonne gestion).
Vincent Van Peteghem se présente donc à nouveau devant le défilé des Fourches caudines. A part son parti le CD&V, tout le monde envoie des flèches sur la réforme. Mais, en même temps, tout le monde à l’air de bien vouloir laisser le ministre traverser le défilé. Il est certain qu’il n’arrivera pas au bout indemne. Mais il aurait pu être bloqué dans le défilé comme la première fois.
Non, le gouvernement de Jan Jambon ne parvient plus à démontrer que ce que la Flandre fait elle-même, elle le fait mieux que la Belgique. La N-VA peut allumer des contre-feux, dénoncer l’impéritie du fédéral sur bien des dossiers, elle ne peut plus cacher que même en Flandre la décision politique est devenue chaotique et compliquée. Cela rend beaucoup plus difficile une campagne axée sur le confédéralisme où la Flandre hériterait de compétences encore plus nombreuses. Cela rend aussi très compliqué une reconduction de l’actuelle majorité.
En réalité, le pacifisme ne fait consensus qu’en temps de paix (manifestations de 1983 sur les euromissiles) car paix et justice n’apparaissent pas comme contradictoires. En temps de guerre c’est l’inverse, le pacifisme creuse des divisions éthiques et politiques profondes à propos de la légitimité des moyens et des fins en politique. Après un an de guerre en Ukraine, cette question : veut-on la paix ou la justice ? Va se poser de plus en plus durement, de plus en plus amèrement aussi.
Beaucoup de politiques et certainement Conner Rousseau et Georges Louis Bouchez sont habités par une recherche frénétique de visibilité, rapide et sans médiation. Tous les deux rêvent, très certainement, que la visibilité se traduise en crédibilité, qu’être vu c’est être cru.
Or, ce n’est pas aussi simple. La transformation de la visibilité en crédibilité n’est pas, encore, entièrement découplée de la véracité et de la cohérence. Ce sera peut-être le cas un jour, on pourra dire alors que la politique est entièrement devenue un spectacle.
L’arrivée de Jean Luc Crucke, laïque convaincu (certains diront bouffeur de curés) chez « Les Engagés » est sans doute la preuve publique que le parti a tué le père, le PSC. Jean Luc Crucke n’aurait jamais pu passer au cdH et encore moins au PSC. Mais il se retrouve dans Les engagés. Oui c’est peut-être bien le vrai nouveau départ de cette formation
Les récentes sorties de Bart de Wever dans le Tijd, indiquaient clairement qu’il refusait tout accord avec le Vlaams Belang : « Je ne veux rien faire avec ce parti ». Mais le leader de la N-VA n’a pas toujours été aussi catégorique.
Il y a deux mois à VTM, il s’était montré plus conciliant expliquant qu’il pourrait envisager une collaboration si le parti se nettoyait en profondeur. Le Vlaams Belang souhaiterait donc se présenter aux élections avec une image plus propre, « dédiabolisée »
Le constat est largement partagé : le citoyen a le sentiment d’être moins souverain, d’être moins acteur du destin collectif. Les gouvernements changent, mais pas la politique. Mais au-delà du constat, le désaccord est profond sur les solutions.
La tendance actuelle est d’introduire plus d’idéalisme démocratique dans les institutions. Mais pour l’école dite réaliste, on risque surtout d’affaiblir la capacité d’action des dirigeants et d’affaiblir encore la coupure avec les électeurs.
Qu’est-ce qui motive le débat sur le financement des partis ? Est-ce un retour en force du mythe de l’unité nationale, du pays réel contre le pays légal et de l’antiparlementarisme ? Ou est-ce la volonté de recentrer les partis comme agents de la démocratie ?