L’ONG de Défense des Droits de l’Homme, Amnesty International tance les pays de l’Occident pour leur pratique du « deux poids, deux mesures » alors qu’ils ont l’an passé « réagi avec force à l’agression russe mais ont fermé les yeux sur de graves violations commises ailleurs, voire en ont été complices ».
Asile
Le constat des atteintes à l’État de droit par le non-respect de décisions de justice est bien plus large que celui lié à la crise de l’asile. L’État belge a ainsi été condamné à de nombreuses reprises pour l’état de ses prisons en lien avec la surpopulation carcérale, pour le non-remplissage des cadres de magistrats, etc. Ce ne sont malheureusement que des exemples sans cesse plus nombreux. Cela n’est pas sans lien avec la polémique entretenue par certains quant au rôle du juge dans une démocratie.
Qu’au bout de deux ans de honte humaine, politique et juridique, alors que le gouvernement s’est enfin emparé de la question, il ose se féliciter de l’accord obtenu alors que rien n’est ne serait-ce qu’envisagé pour permettre à ces 2 400 personnes de voir enfin leur droit à l’accueil respecté avant un an est un camouflet de plus. Ces personnes n’ont nulle part où aller et continueront donc à créer des “camps de la honte” et à ouvrir des squats insalubres.
PS et Ecolo ont accepté la réforme au nom du retour de l’Etat de droit mais sans garanties que la crise de l’accueil soit durablement sous contrôle. La création de place va mettre du temps, des semaines, voire plus. Des demandeurs d’asile qui ont reçu une décision négative vont devoir quitter l’accueil dans les 30 jours pour laisser la place à d’autres. Mais où vont aller ces gens et dans quelles conditions ? Si des demandeurs se retrouvent à nouveau à la rue, la crise reviendra comme un boomerang au sein de l’exécutif. On attendra donc, pour triompher sur le retour de l’Etat de droit.
Quand un Etat s’entête à ne pas respecter la loi, on parle de désobéissance incivile. Il s’agit de la transgression assumée d’une loi non par la société civile mais par l’État, assortie de violence dans son exécution ou ses conséquences. Ces attributs peuvent être illustrés par l’actuelle crise de l’asile en Belgique. C’est ainsi que la Belgique rechigne à appliquer la « loi accueil » malgré de multiples condamnations.
Il y a des moments où ce qui se passe à Bruxelles trouve un écho dans un mouvement lancé à l’autre bout du monde. Le retour forcé d’une jeune Iranienne qui pensait trouver refuge à Bruxelles est une illustration de ce télescopage. Aïcha a été expulsée parce que la rigueur administrative est souriceaux soubresauts du monde
l n’y a donc pas eu d’amélioration au Petit-Château. Pire, le personnel a décidé de partir en grève ce mardi pour dénoncer la situation chaotique qui y règne depuis le début de l’été.
Le “Petit-Château”, c’est ce centre où doit s’enregistrer chaque demandeur d’asile. La première étape d’une procédure qui va durer des mois. Au final, le demandeur sera soit débouté et prié de quitter le territoire, soit considéré comme réfugié ayant le droit de séjourner en Belgique. Ce point de passage est donc obligatoire.
La Belgique a décidé de refuser l’asile aux Afghans, dénonce l’avocate Selma Benkhelifa. La guerre en Afghanistan est-elle bien finie, comme l’estime le Commissariat aux réfugiés, alors que l’Etat islamique affronte toujours les talibans et que les attentats sont quotidiens ? Les réfugiés afghans présents en Belgique ne vont pas s’évaporer, considère l’avocate. « Ils vont juste rester là ».
Sans oublier les entorses de la Pologne et de la Hongrie à l’Etat de droit et certaines de leurs discriminations aux frontières, l’élan de solidarité suscité par le drame ukrainien doit servir de levier à une nouvelle politique migratoire européenne
Il est humainement inacceptable que l’Europe et la Belgique fassent une distinction entre des réfugiés qui fuient la guerre depuis un pays du continent européen et les autres. Pensez aux 23.000 personnes qui sont mortes en Méditerranée depuis 2014 à cause du régime frontalier européen. Le nationalisme de la Russie et le continentisme de l’UE ont peut-être des visages différents, mais des conséquences mortelles similaires.
Le durcissement des conditions d’octroi de l’asile dans l’Union européenne, une tendance confirmée lors de la récente crise entre la Pologne et la Biélorussie, et les péripéties du Pacte migratoire dessinent une politique de plus en plus restrictive et éloignée des principes que l’UE est censée défendre. L’analyse de Francesca Spinelli.
Sous le choc du drame de mercredi, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a accusé la France de « ne pas faire assez » d’efforts pour empêcher les migrants d’atteindre ses côtes. « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a proclamé le président Emmanuel Macron. Comme tous leurs prédécesseurs, ils rivalisent de fermeté dans la lutte contre les gangs de passeurs et la protection de la frontière.