Malgré une inflation vertigineuse et le terrible double séisme de février dernier, le président islamo-nationaliste a terminé en tête du premier tour de l’élection du dimanche 14 mai. Mais ce résultat
relève aussi de la dynamique générale actuelle qui voit des sociétés faire le choix du repli nationaliste, de la stabilité et de la sécurité supposées, au prix de l’autocratie, plutôt que d’opter pour la démocratisation et le progrès social. Comme cela sera probablement confirmé lors du second tour présidentiel du 28 mai, qui devrait entériner la victoire de Recep Tayyip Erdoğan.
Ariane Bonzon
Le président doit gagner ces élections afin de préserver son immunité. Au risque, sinon, de devoir répondre des nombreuses violations de l’État de droit qu’il a commises, et des accusations de fraudes et de corruption auxquelles il fait face. Ces accusations devraient se multiplier à la suite des collusions entre pouvoir, clientélisme et entrepreneurs mises au jour par le séisme.
En intervenant dans cette partie de l’Asie centrale, Erdoğan espère sans doute jouer un rôle diplomatique. Le président Erdoğan «voit des opportunités là où d’autres ne voient que des problèmes», déclarait récemment la directrice d’un think-tank turc. Après l’avoir fait au Soudan, en Somalie et en Libye, détruits et ruinés par des années de guerre civile, le numéro 1 turc semble en effet prêt à engager son pays dans l’Afghanistan des talibans. Mais sur quelles bases: ethniques, religieuses, stratégiques ou politiques?