Vous avez bien lu : c’est le même Mohamed Ben Salman qui était considéré comme un paria pour avoir commandité le meurtre sordide en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul.
Qu’a donc fait « MBS », comme il se fait appeler, pour être comparé au plus grand dirigeant nationaliste arabe du XX° siècle, le président égyptien Nasser mort en 1970 ? Le prince héritier a profité de l’onde de choc de la guerre en Ukraine pour s’émanciper de toute tutelle, et mener une diplomatie qui, il faut bien l’avouer, donne le vertige.
Ce faisant, l’Arabie saoudite incarne ces puissances moyennes qui cassent tous les codes des alliances internationales, et n’en font qu’à leur tête – pour le meilleur ou pour le pire.
Il faut d’abord se souvenir que pendant près de sept décennies, l’Arabie saoudite a vécu sous la protection américaine, et que cette alliance, nouée en 1945 entre Franklin Roosevelt et le roi Ibn Saoud, semblait immuable.
Aujourd’hui, le royaume renoue ses relations diplomatiques avec l’Iran sous l’égide de la Chine, nouveau venu dans la médiation diplomatique au Moyen Orient ; il a réintégré le dictateur syrien Bachar el-Assad au sein de la Ligue arabe lors d’un récent sommet à Djeddah, après dix ans d’exclusion ; il a forcé la main de ses collègues arabes en invitant le Président ukrainien Zelensky à prendre la parole à ce même sommet. Et l’Arabie saoudite recevait hier la visite du Ministre russe de l’intérieur, un homme placé sur la liste des personnalités sanctionnées par les États-Unis.
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