Dans ce burlesque permanent apparaît d’abord Ursula von der Leyen. La présidente de la Commission a récemment prononcé un discours intéressant (hyper-rareté à Bruxelles). Elle prône une stratégie ferme mais pondérée avec la Chine : la réduction des risques. Vis-à-vis de la Chine, entre l’agressivité constante des Républicains américains et la servilité récurrente à la Macron, il existe une position intermédiaire à tenir. Le problème, comme souvent avec von der Leyen, vient de ce que les petites combines tactiques ont toujours priorité sur la grande stratégie.
Ainsi, dès 2019, elle avait relancé la négociation d’un accord sur l’investissement avec la Chine. Elle le fit sous la pression de Mme Merkel, comme toujours donnant la priorité sur toutes choses aux exportations, spécialement d’automobiles. Or, le renforcement de la dictature en Chine était déjà très visible à l’époque. Comme nous l’avions alors souligné, il n’existait pas de chance de voir l’accord approuvé .
De même, en 2023, von der Leyen a accompagné Macron en Chine. On comprend pourquoi. La présidente veut être nommée soit à l’OTAN, soit à un second mandat à la Commission. Elle n’a aucune chance sans Macron. Malheureusement, le voyage a tourné à la catastrophe, parce qu’elle n’a pas songé à l’alignement de leurs positions. Elle a ainsi étalé la subordination de son institution, et l’absence totale d’une position européenne. Elle a aussi révélé que son discours n’engageait qu’elle-même. Enfin, le renversement de von der Leyen sur la Chine a beaucoup à voir avec la volonté de se rapprocher des Etats-Unis, qui a elle-même beaucoup à voir avec une candidature à l’OTAN (moins dangereuse qu’à l’Union européenne, trop aléatoire).
(…) Charles Michel poursuit des calculs personnels du même type. Il tente d’évincer von der Leyen partout,et pas seulement sur un fauteuil à Ankara. Il veut se montrer sans cesse, alors qu’il ne dispose en réalité d’aucun pouvoir pour négocier. Cela provoque un lourd accroissement de dépenses publiques (Le Monde, 9/4/23). Meilleur exemple : la Chine, justement (Guardian, 13/4/23). Coût du seul voyage en avion : 460.000 euros (qu’on camoufle – merveille d’opacité – en donnant le coût du seul siège de Michel, alors qu’il se balade avec une suite de collaborateurs digne de Louis XIV).
Notre dislocation diplomatique ne s’arrête pas là, hélas. Les chefs de gouvernement se bousculent aussi à Beijing.
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