Les soldats de Kyiv, après avoir fait preuve de leur incroyable résilience et inventivité, sont désireux de passer à la contre-offensive. Ce serait très exagéré de dire qu’ils piaffent d’impatience. Ils ne connaissent que trop le coût humain de la guerre. Mais ils ne comprendraient pas que tant d’efforts et de sacrifices consentis ne débouchent enfin sur la contre-offensive annoncée depuis si longtemps.
Le Président Ukrainien sait aussi que sur les plans psychologique et politique, le temps ne joue pas nécessairement en faveur de son pays. Les opinions publiques occidentales ont un tempérament naturellement zappeur. Elles risquent de se détourner de la guerre en Ukraine pour passer à autre chose si le conflit semblait s’enliser. Et il y a de manière plus spécifique l’incertitude des élections américaines de 2024 : Biden ou Trump ?
La Russie a échoué sur presque tous les fronts. Peu de temps après le début de l’invasion, elle occupait jusqu’à 27 % du territoire ukrainien. Elle n’en contrôle plus désormais que 18 %. À l’automne 2022, les premières contre-offensives ukrainiennes avaient été rapides et spectaculaires. Kiev entend aujourd’hui réduire comme une peau de chagrin l’étendue des territoires encore aux mains des Russes et faire ainsi la preuve éclatante de l’échec total de la stratégie de Poutine. Peut-être sera-t-il alors possible de négocier sur des bases raisonnables ?
Stratégie militaire et stratégie diplomatique sont toujours étroitement liées. Lors du siège de Dien Bien Phu en 1953, les Chinois ont mis toutes leurs forces dans la bataille. Ils savaient (contrairement aux généraux français semble-t-il) que des négociations secrètes avec la France étaient entamées. Aujourd’hui en Ukraine, les deux protagonistes comprennent les règles du jeu. Il s’agit d’être en position de force sur le terrain militaire pour avoir la meilleure position sur le plan diplomatique.
La suite ici : Ukraine : l’heure de vérité approche