C’était inévitable, après vingt ans de pouvoir d’un parti et surtout d’un homme, Recep Tayyip Erdogan, qui ont considéré l’État comme leur propriété, et distillé l’idée qu’ils étaient indispensables, voire les seuls légitimes à gouverner. Et de l’autre côté, l’opposition, enfin réunie autour d’un bon candidat, Kamel Kilicdaroglu, a senti monter le vent du changement, au point de se convaincre que seule la fraude pourrait l’empêcher de gagner.
A l’arrivée, après des heures de suspense, de tensions et d’émotions, c’est donc un second tour qui semble s’imposer, même Erdogan l’a admis après avoir tenté de se proclamer vainqueur au premier tour. Les deux prochaines semaines seront à haut risque dans un pays coupé en deux, et qui a réellement le choix entre deux voies politiques et deux styles personnels. Le risque de dérapages est immense.
Il y a deux risques : d’abord celui de coups fourrés ou de violences pendant les deux semaines de campagne entre les deux tours, après un premier tour qui a été relativement épargné. Et ensuite le risque de contestation du résultat final, comme c’est de plus en plus souvent le cas.
Quand les processus électoraux, en Turquie -mais pas seulement, hélas…-, sont-ils entrés dans l’ère du soupçon ? La responsabilité de Donald Trump et de ses partisans est évidemment immense, avec la guérilla juridique, puis l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, pour empêcher la validation de l’élection de Joe Biden.
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