Les Occidentaux rêvent d’une défaite d’Erdogan en Turquie, mais évitent de le dire trop fort

Y penser toujours, en parler jamais. A Paris, Berlin ou Washington, nombreux sont ceux qui ne verseraient pas une larme en cas de défaite du président turc Recep Tayyip Erdogan lors de l’élection présidentielle dimanche. Au contraire, ils s’en réjouiraient plutôt.

Pour autant, personne, dans ces capitales, ne se risque à dire un mot sur la Turquie qui pourrait être dénoncé par le président sortant comme une « ingérence », ou comme un soutien de l’étranger à son rival, le candidat de la coalition d’opposition, Kemal Kilicdaroglu.

Erdogan sait très bien à quoi s’en tenir, lui qui n’a jamais hésité à offenser ses partenaires pour asseoir sa légitimité intérieure, ou à utiliser la corde nationaliste aux dépens de pays dont il est théoriquement l’allié.

Lorsqu’Emmanuel Macron avait décrit l’OTAN « en état de mort cérébrale », en 2019, il visait l’absence de réactions au comportement agressif d’un navire turc vis-à-vis d’un navire français en mer Égée, alors que les deux pays sont membres de la même Alliance. De son côté, Erdogan s’est interrogé en public sur la « santé mentale » du président français.

L’activisme diplomatico-militaire a pas mal servi le président turc en politique intérieure : il a ainsi ancré l’idée d’un retour de puissance néo-ottomane, dont Erdogan serait le nouveau Sultan. De la Libye à l’Azerbaidjan en passant par une relation très spéciale avec Vladimir Poutine, Erdogan a été sur tous les fronts ces dernières années.

(…) Mais les électeurs turcs ont d’autres préoccupations aujourd’hui. Économiques, avec une monnaie en berne et une inflation record, la pauvreté en hausse ; et surtout les conséquences du séisme qui a fait 50 000 victimes en début d’année, qui a révélé l’ampleur des liens de corruption entre le parti au pouvoir et le secteur du bâtiment.

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