« L’espèce humaine risque aujourd’hui de connaître le même sort que nos animaux domestiques (…) Si nous ne faisons pas attention, nous deviendrons des humains diminués utilisant des ordinateurs augmentés pour semer le chaos. » L’avertissement date de 2018. Il est signé de l’historien superstar Yuval Noah Harari, et publié (en partie) dans les colonnes du magazine américain The Atlantic. À l’époque, l’auteur du best-seller Sapiens, une brève histoire de l’humanité(Albin Michel, 2011) met en garde son lectorat contre ce qu’il qualifie de « révolutions technologiques », celles-ci étant selon lui à même de « confronter l’humanité à l’une des épreuves les plus dures qu’elle a eu à affronter ». À savoir ? L’avènement de nouveaux régimes autoritaires portés par l’IA, cette « arme qui (…) sera sans doute utilisée par les puissants pour consolider leur pouvoir ».
Drones de surveillance, reconnaissance faciale, fausses informations… Cinq ans plus tard, force est de constater que le danger n’a pas tout à fait disparu. À l’heure des chatbotsconversationnels surpuissants et des IA génératives capables d’imiter n’importe quel artiste ou presque, il semble même s’être accru, suscitant l’inquiétude jusque chez les plus technophiles des spécialistes du domaine. L’occasion pour Yuval Noah Harari de revenir à la charge dans une tribune hébergée par Time sur son site depuis le 28 avril, dans laquelle il pousse cette fois son argument encore plus loin. Résumé par les éditeurs du magazine américain, cela donne : « Yuval Noah Harari affirme que l’IA a piraté le système d’exploitation de la civilisation humaine. Selon l’historien et philosophe, les ordinateurs qui racontent des histoires vont changer le cours de l’histoire humaine. »
Sous la plume d’Harari lui-même, le constat paraît d’abord plus mesuré. Dans un premier paragraphe tout en sobriété, l’historien rappelle ainsi que la peur de l’intelligence artificielle n’a rien de nouveau mais « hante l’humanité depuis le tout début de l’ère informatique ». À mesure que son raisonnement suit son cours, on sent cependant poindre une crainte certaine, relative au fait que les IA contemporaines « ont désormais acquis des capacités remarquables pour manipuler et générer du langage, que ce soit avec des mots, des sons ou des images »
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