Qu’est-ce qui est venu affaiblir Erdogan pourtant, si sûr de son aura. Il y a bien sûr l’usure du pouvoir, phénomène traditionnel. Il y a aussi l’inquiétude face à la dérive autoritaire de nombreux Turcs craignant qu’un nouveau blanc-seing électoral à Erdogan ne lui permette d’établir une quasi-dictature. Il y a la gestion critiquée du tremblement de terre qui a fait plus de 50 000 victimes. Certes il s’agit là d’une catastrophe naturelle, mais le nombre de victimes est aussi dû au défaut de contrôle dans les constructions, non sans lien avec des affaires de corruption.
Enfin, et surtout, pèse contre Erdogan la situation économique déplorable du pays : l’inflation approche les 100 % par an, la livre turque a perdu 200 % de sa valeur face à l’euro, les difficultés quotidiennes et l’appauvrissement de nombreux Turcs…
Or, jusqu’ici, Erdogan était crédité d’une réussite économique, le pouvoir d’achat des Turcs a quadruplé pendant les 10 premières années de son pouvoir. Aujourd’hui, il est revenu au niveau de 2007/2008.
Certes, il y a les succès diplomatiques, les patriotes turcs lui sont reconnaissants d’avoir placé Ankara assez haut sur la scène internationale, face aux Occidentaux tout en étant membre de l’OTAN. La Turquie a d’excellentes relations avec la Russie tout en fournissant des drones à l’Ukraine et peut se targuer d’être à la tête du seul pays qui a su organiser des négociations directes entre Russes et Ukrainiens qui ont permis un accord sur l’exportation de céréales et éviter une crise alimentaire mondiale. La place de la Turquie sur la scène mondiale est bien plus importante qu’il y a 20 ans.
L’une des inconnues du scrutin repose sur les six millions de primo-votants, 10 % du corps électoral, qui devrait normalement être plutôt favorables au candidat de l’opposition du pays.
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