Pour la première fois en effet depuis qu’Erdogan est arrivé au pouvoir, en 2003, le scénario de sa défaite est envisageable, sinon probable. L’opposition enfin unie – derrière un homme politique âgé – et qui ne brille pas par son charisme – Kemal Kılıçdaroğlu le leader du CHP, le parti républicain du peuple – croit à ses chances. Et ce d’autant plus que tout laisse à penser que les Kurdes du PKK (la troisième force aujourd’hui au Parlement) rejoindront massivement l’union des partis d’opposition, dans un scrutin qui s’apparente à un référendum contre Erdogan.
Mais les sondages demeurent très serrés et le parti au pouvoir compte bien utiliser tous les rouages de l’État turc qu’il contrôle, pour l’emporter une fois encore. L’exemple de Victor Orban en Hongrie montre à quel point il est difficile de déloger une démocratie illibérale. C’est encore plus vrai dans le cas d’un régime autoritaire devenu toujours plus centralisé et despotique avec le temps.
Pourtant, en Turquie, l’évolution des conditions politiques, économiques, stratégiques, et morales mêmes, pourrait conduire à l’alternance. C’est que la Turquie est désormais un pays où les prisons sont pleines et les caisses de l’État sont vides. Journalistes, opposants politiques ou simplement des personnalités qui ont le malheur de déplaire au Prince comme Osman Kavala, sont scandaleusement incarcérés de manière parfaitement arbitraire.
Le terrible tremblement de terre qui a secoué le Sud de la Turquie au début de l’année a fait la double démonstration de la désorganisation de l’État et plus encore de la corruption d’un pouvoir qui laissait bâtir par millier des immeubles qui ne correspondaient pas aux exigences de sécurité dictées par la nature.
Erdogan avait accédé au pouvoir en 2003 après que la Turquie ait traversé sa pire crise économique en trois décennies. Il avait promis le retour de la prospérité, et une politique étrangère clairement pro-occidentale et pro-européenne.
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