Elections en Turquie : Erdogan n’a pas dit son dernier mot

Erdogan, 69 ans, depuis 20 ans au pouvoir, devait se sentir bien affaibli pour tout arrêter, lui qui tenait alors 3 meetings par jour pour refaire son handicap sur son rival, 4 points de retard en moyenne dans les sondages.

Son opposant, Kemal Kiliçdaroglu, mène une bonne campagne, malgré son peu de charisme. Il apparait calme et sérieux, bénéficie du soutien de 6 partis et d’un appui tacite de la minorité kurde. Il a même réussi à assumer publiquement sa foi alevi : pas facile, c’est une branche minoritaire de l’Islam.

Le bilan catastrophique du séisme de février (55.000 morts au moins, sans doute plus) a terni l’image d’Erdogan. Tout comme l’inflation galopante (entre 50 et 90% selon les chiffres), conséquence d’une étrange politique monétaire.

Donc oui, Erdogan est mal embarqué. Il peut perdre dans 16 jours. Et ça ne déplairait pas aux capitales occidentales, irritées par le double jeu du sultan turc avec la Russie et par sa dérive religieuse et autoritaire.

Mais il faut faire attention à ne pas confondre désir et réalité, attention à ne pas enterrer Erdogan trop vite. Il peut encore gagner. D’abord par le biais d’une cohabitation : perdre la présidentielle mais voir son parti islamo-conservateur AKP remporter les législatives, qui s’annoncent elles aussi très serrées. Erdogan pourrait alors devenir premier ministre. Mais il peut aussi s’imposer sur le fil dans la présidentielle. Son retard n’est pas insurmontable.

Il mise d’abord sur les Turcs de l’étranger, qui votent depuis hier : 3 millions et demi d’électeurs. Les gros contingents sont en Allemagne et en France. La dernière fois, ils avaient voté Erdogan à plus de 60% !Sur le sol turc ensuite, le président conserve un socle de fidèles. Pas dans les grandes villes. Mais ailleurs.

La suite ici : Elections en Turquie : Erdogan n’a pas dit son dernier mot