De Trump à DeSantis : une campagne sous le signe de la masculinité toxique

Ces derniers jours, aux États-Unis, les attaques contre les femmes ont connu une nouvelle actualité avec la tentative d’interdiction de la pilule abortive par un juge fédéral du Texas. Son jugement se fonde moins sur des arguments juridiques sérieux que sur une idéologie misogyne, traditionnelle chez les anti-choice. Selon lui, en particulier, les femmes recourant à l’avortement médicamenteux sont dépourvues de libre arbitre et fortement susceptibles de développer des troubles psychologiques graves, de l’anxiété, et de se suicider parce qu’elles regretteraient avoir avorté.

Au-delà de l’abus de pouvoir (de l’avis de très nombreux.ses juristes) qui se concrétise dans son jugement (partiellement retoqué par une cour d’appel et qui suit maintenant son chemin vers la Cour suprême saisie en urgence par le gouvernement), le juge Kascmaryk a ouvert la boîte de Pandore pour forcer la plus haute juridiction du pays à se prononcer sur le droit des femmes à avoir accès à la pilule abortive y compris dans les États fédérés qui ont confirmé le droit à l’avortement. Si la Cour suprême allait dans le sens de son interdiction sur l’ensemble du territoire national, elle se dédierait de son arrêt Dobbs du 24 juin 2022 qui a déconstitutionnalisé ce droit et laissé à chacun des 50 États la possibilité de légiférer sur le sujet. Mais tout est possible.

Parler, comme le fait Kascmaryk, non pas d’embryons ou de fœtus, mais de « bébé à naître » ou de « personne à naître » n’a rien d’anodin puisque cette stratégique rhétorique s’inscrit dans la dynamique portée par les anti-avortement les plus fanatiques : criminaliser l’avortement, faire des femmes qui y ont recours des meurtrières, susceptibles d’être condamnées à mort comme le proposent certains en Caroline du Sud dans un projet de loi en cours. Cherchez la logique : punir de mort quelqu’un au nom d’un « droit à la vie ». L’enjeu est clair une fois de plus : il s’agit bien de punir les femmes.

(…) Le masculinisme le plus pur est également au cœur de la loi qu’a signée, le 13 avril dernier, loin des caméras, presque en cachette, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis et qui interdit l’avortement après 6 semaines de grossesse. Il rend ainsi caduque une loi qu’il avait lui-même promulguée l’an dernier, cette fois devant un large public de supporters, qui limitait ce délai à 15 semaines. Si le dernier texte doit encore être confirmé par la Cour suprême de Floride, il contient tous les poncifs misogynes, comme le fait qu’une femme ou une adolescente enceinte suite à un viol ou un inceste devra fournir un document prouvant la véracité du crime dont elle a été victime avant de pouvoir avorter.

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