Batteries, électricité verte, recharge… Les défis posés par l’interdiction de la voiture thermique en 2035

Exit, la voiture thermique ? Le transport routier représente un cinquième des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne. Pour atteindre l’objectif de neutralité climatique en 2050, cette dernière a donc décidé d’interdire dès 2035 la vente de nouvelles voitures essence, diesel ou hybrides. « Nous sommes arrivés à un accord historique, qui réconcilie l’automobile et le climat, deux frères ennemis », s’est réjouie l’eurodéputée écologiste Karima Delli, présidente de la commission des Transports, dans un tweet .

L’année 2035 n’a pas été choisie par hasard. Comme l’écrit le député européen Jan Huitema (Renew), qui a rédigé le rapport sur la thématique, « la durée de vie moyenne d’une voiture est de 15 ans ». Autrement dit, acheter une voiture thermique en 2034 ne serait à priori pas pénalisant, puisque le véhicule arriverait en fin de vie vers 2049. Mais « la dépollution du moteur thermique le rend extrêmement cher« , tempère Pierre Duysinx (ULiège), professeur en ingénierie, mécanique et aérospatial. « À partir de 2024-2025, un véhicule thermique avec toutes les normes de dépollution qu’il doit respecter deviendra plus coûteux ».

Pour atteindre ses objectifs climatiques, l’Union a choisi l’option de la voiture électrique. Une bonne idée ? « Sur le papier, oui, elle est excellente, analyse Adel El Gammal, enseignant à l’École polytechnique de Bruxelles. On se dirige vers un réchauffement de 1,5° d’ici 2050 et de 2 voire 3 degrés d’ici la fin du siècle. C’est catastrophique, donc il faut absolument mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles. A ce titre, le transport est l’un des secteurs qui émet le plus de gaz à effet de serre ». Même son de cloche du côté de Pierre Duysinx (ULiège), professeur en ingénierie, mécanique et aérospatial. « Le passage à l’électrification est absolument nécessaire pour aller de l’avant. La voiture électrique ne rejette pas de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ».

Qui dit plus de voitures électriques dit forcément plus de besoins en électricité. « Sur une année, on devra produire 2 à 3 fois plus d’électricité par rapport à la situation actuelle », indique Francesco Contino, professeur à l’Ecole Polytechnique de Louvain. « Mais il n’y a pas que la mobilité. Le chauffage et l’industrie comptent aussi. On va vers une électrification massive de la société« .