Liberté d’expression, d’association, droit de se réunir, de manifester, protection de la vie privée, droit à un procès équitable… Considérées comme acquises, chéries par tous, mais peu reconnues en tant que telles, les libertés publiques ont progressé en France au fil d’une histoire séculaire faite de conquêtes et de régressions, d’avancées et de répressions. Une histoire fragile qui se poursuit à une époque où elles sont menacées dans un contexte de tensions sociales et politiques, de danger terroriste, de radicalisation des esprits, appuyée par les réseaux sociaux, et de traitement massif des données personnelles par le biais de l’Internet et l’intelligence artificielle.
La Ligue des droits de l’homme (LDH), fondée en 1898 pour défendre le capitaine Dreyfus accusé par la raison d’Etat, est l’un des monuments jalonnant cette longue histoire, où la République a souvent vacillé avant de triompher. C’est dire la gravité de sa mise en cause par le ministre de l’intérieur puis par la première ministre. « Ça mérite d’être regardé », a déclaré le 5 avril Gérald Darmanin, en réponse à un sénateur LR qui appelle l’Etat à cesser de financer l’organisation. « Je ne comprends plus certaines de ses positions », a ajouté Elisabeth Borne le 12 avril, reprochant à la LDH « ses ambiguïtés face à l’islamisme radical ».
La suite ici : Chantage financier contre la LDH : la démocratie a besoin d’associations indépendantes