Un quart de siècle après sa signature, le 10 avril 1998, à Belfast (Irlande du Nord), l’accord du Vendredi saint offre un rare exemple de paix durablement scellée, grâce à de patients efforts politiques et diplomatiques, dans un conflit longtemps perçu comme sans issue.
En mettant fin à trente ans d’une guerre civile meurtrière entre les unionistes (principalement protestants, partisans du maintien dans le Royaume-Uni) et les républicains (surtout catholiques, favorables à la réunification de l’Irlande), ce traité de paix historique mérite d’être célébré, ainsi que l’a fait Joe Biden, mercredi 12 avril, à Belfast, au premier jour de son voyage en Irlande. « La paix n’était pas inéluctable », a rappelé le président américain, alors que l’Irlande du Nord est à nouveau plongée dans un climat de tension et de crise politique.
Conclu sous la pression des Etats-Unis, l’accord de 1998 a mis fin à la violence en supprimant la frontière entre l’Irlande du Nord (province du Royaume-Uni) et la République d’Irlande, en instaurant le partage du pouvoir entre les protagonistes dans le gouvernement local et en soumettant une éventuelle réunification de l’île à de futurs référendums. Mais la méfiance entre les deux communautés est loin d’avoir disparu, comme en témoigne le maintien de murs de séparation à Belfast.
Or le Brexit a déstabilisé l’Irlande du Nord, désormais coincée entre son appartenance au Royaume-Uni et sa proximité avec la République d’Irlande, membre de l’Union européenne (UE), au sein de laquelle 56 % des Nord-Irlandais avaient choisi de rester lors du référendum de 2016. L’opportunisme de l’ancien premier ministre Boris Johnson, qui, pour concrétiser le divorce avec les Vingt-Sept, a accepté que les biens transitant du Royaume-Uni vers l’Irlande du Nord soient soumis à des contrôles douaniers, a exaspéré les unionistes, qui refusent toute singularité par rapport au reste du royaume.
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