C’est une nouvelle victoire retentissante pour les opposants à l’avortement, et un nouvel exemple dramatique de la politisation à outrance de la justice américaine, moins d’un an après le renversement par la Cour suprême du droit fédéral à l’IVG. Saisi sciemment par les opposants à l’avortement pour ses vues ultraconservatrices, un juge fédéral du Texas a suspendu vendredi 7 avril la principale pilule abortive aux Etats-Unis, autorisée depuis plus de vingt ans et utilisée chaque année par un demi-million d’Américaines. Le gouvernement fédéral a aussitôt fait appel et le dossier pourrait rapidement remonter jusqu’à la Cour suprême, désormais solidement ancrée à droite.
Le profil du juge Matthew Kacsmaryk, unique magistrat fédéral en poste dans la ville d’Amarillo, ce qui garantissait que la plainte déposée par une coalition de médecins et d’organisations hostiles à l’avortement atterrisse sur son bureau, ne laissait guère de doute sur sa décision, redoutée depuis plusieurs semaines. Agé de 48 ans et nommé à ce poste par Donald Trump en 2017, il a précédemment été juriste au sein du First Liberty Institute, une organisation qui défend les vues de la droite religieuse devant les tribunaux.
Elle a notamment représenté des pâtissiers qui, au nom de leur foi chrétienne, refusaient de faire un gâteau de mariagepour un couple homosexuel. Considérant lui-même l’homosexualité ou le fait d’être transgenre comme un «trouble mental», Kacsmaryk regrettait en 2015, dans un texte au lance-flammes contre le mariage homosexuel, que «le mariage, la sexualité, l’identité de genre et même l’enfant à naître doivent succomber aux désirs érotiques des adultes libérés».
En pratique, le juge texan a suspendu l’autorisation nationale de mise sur le marché de la Mifépristone (RU 486), une des deux pilules utilisées pour les avortements médicamenteux. Ce qui interdit aux médecins de la prescrire
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