Dans ce conflit Delhaize a fait appel à la justice via des procédures de requête unilatérale en extrême urgence pour casser les piquets de grève. Une procédure d’exception dans laquelle une seule partie est entendue (unilatérale) pour faire cesser un préjudice très rapidement. Depuis le début du conflit la justice a plusieurs fois ordonné, sous peine d’astreinte, à des grévistes l’interdiction d’entraver l’accès aux bâtiments. Ce fut le cas à Mons où un huissier a fait rouvrir le magasin et au dépôt de Zellik ou la police est intervenue pour briser le piquet.
Le tribunal déclare qu’il ne s’agit en aucune façon d’interdire le droit de grève […] mais seulement d’interdire les voies de fait qui consisteraient à entraver le libre accès au site d’exploitation, notamment aux clients, aux fournisseurs et membres du personnel.
Face à la présence de piquets de grève le tribunal conclu qu’il existe un déséquilibre manifeste entre le droit de grève tel qu’il est exercé en l’espèce et les intérêts professionnels de la requérante qui risque d’être gravement mis en péril.
Ce jugement considère donc que les piquets de grève qui impactent l’activité économique de Delhaize constituent une atteinte déséquilibrée aux intérêts économiques de l’entreprise. Ce type de jugement qui protège l’intérêt économique d’une entreprise face à des grévistes tend à se multiplier et tend à réduire la portée du piquet de grève à une simple manifestation. Toute entrave au libre accès de l’exploitation tend à être considérée comme une voie de fait (comportement donnant l’apparence d’une atteinte importante aux droits de tiers ou d’une méconnaissance grave d’une réglementation, justifiant le recours à la procédure en référé en vue de faire cesser au plus vite ce comportement).
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