La menace la plus brutale réside à l’évidence dans l’effondrement de l’Ukraine. Dans deux ou trois ans, l’Union européenne pourrait ainsi se retrouver confrontée à des flux de réfugiés ukrainiens atteignant des dizaines de millions de personnes, la rupture de l’accès aux matières premières ukrainiennes, et la présence d’une armée russe renforcée sur toutes ses frontières à l’Est, alors que les capacités militaires européennes ont été largement éviscérées par les transferts successifs à l’Ukraine.
Certes, cette prévision n’est pas certaine, mais elle est possible. Les Ukrainiens ont sans nul doute prouvé leur compétence et leur motivation. En revanche, ils sont en faillite (leur produit national brut s’est effondré de 35 % en 2022, et ils ont besoin au minimum de 5 milliards de dollars par mois pour survivre). De plus, leurs armements sont épuisés après un an (sans les transferts d’armes occidentaux, la résistance s’effondre).
Les autres issues possibles posent toutefois également de grands défis. La défaite de la Russie peut produire des résultats variés (remplacement de Poutine, dictature renforcée, crise économique, conflits intérieurs). Elle réduira sans doute la menace militaire immédiate, mais obligera l’Europe à gérer les problèmes d’un grand voisin profondément déstabilisé. Quant à un gel du conflit avec une Ukraine en partie dépecée, il obligera l’Europe à gérer tous les problèmes de l’Ukraine. Pour l’Europe, on le voit, sauf l’espoir fabuleux d’une grande Russie démocratique, pacifique et prospère, il n’existe pas de bonne issue à cette guerre. Pour le moment, aucune de ces issues n’est réellement préparée.
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