Colruyt au secours des syndicats de Delhaize

Depuis le début du conflit, les syndicats portent un message : attention, ce conflit ne concerne pas que Delhaize, il concerne un combat plus général contre le moins-disant social dans le commerce, un combat contre une forme d’ubérisation. Les syndicats dénoncent que, par le recours à la franchise, des grandes enseignes peuvent accéder à des conditions de travail plus flexibles et moins avantageuses financièrement pour les salariés. Le modèle de la franchise, qui s’appuie sur des indépendants, permet aussi largement de contourner les syndicats.

Cet argument leur est d’ailleurs reproché par certains à la droite du spectre politique. Les syndicats se battraient avant tout pour eux-mêmes. Or, chose très inhabituelle dans un conflit social, le principal employeur du secteur, concurrent direct de Delhaize, vient à plusieurs égards de donner raison aux syndicats.

Colruyt qui avec Lidl ou Aldi est encore dans un modèle intégré, classique. Dans une lettre au ministre de l’Emploi, le groupe s’inquiète de voir ses concurrents, comme Delhaize, Albert Hein ou Carrefour choisir massivement la franchise pour s’implanter. Colruyt n’utilise pas le même vocabulaire que les syndicats, mais les rejoint en partie. Il parle de déséquilibre historique entre les commissions paritaires qui fixent les conditions de travail pour les magasins intégrés et les magasins franchisés.

Colruyt, groupe coté en Bourse, dénonce dans ce courrier cité par l’Echo qu’aujourd’hui, « les entreprises peuvent s’organiser de telle sorte qu’elles relèvent de la commission paritaire destinée aux très petits indépendants, et se diviser en entités plus petites, même s’il s’agit essentiellement de plusieurs magasins exploités par un seul entrepreneur. »

Bref ce qu’en langage syndical on appelle de l’ingénierie sociale.

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