Ursula von der Leyen : requiem pour une Commission géopolitique

Le caractère répulsif de la politique de Donald Trump et les inquiétudes suscitées par ses discours hostiles à l’OTAN avaient renforcé, sur l’ensemble du continent, le désir de réfléchir à un plan B en cas de lynchage américain. L’arrivée de Biden au pouvoir aux États-Unis, représentant d’un atlantisme classique, avait contribué à rendre moins urgente cette réflexion. Les Européens pensaient qu’on allait revenir à une politique transatlantique plus traditionnelle. La débâcle de Kaboul allait de nouveau poser la question de la crédibilité stratégique des États Unis et donc relancer les débats sur l’autonomie stratégique européenne. La guerre en Ukraine l’a fait apparaitre dangereuse, car synonyme d’un éloignement avec les États-Unis, seul pays identifié comme capable de protéger les pays européens de la menace russe. Tout ceci n’est pas totalement logique dans la mesure où tout d’abord l’armée russe, dans cette guerre, a davantage montré ses lacunes que sa puissance et que, ensuite, l’autonomie ne s’oppose pas à l’alliance, mais à la dépendance.

Néanmoins, la peur est si forte qu’elle suscite des réactions bien plus émotionnelles que rationnelles. Ursula Von der Leyen a pris un leadership en Europe pour faire face à la guerre afin d’organiser l’aide européenne, y compris militaire, à l’Ukraine, outrepassant très nettement ses compétences. Elle a œuvré pour que l’Ukraine obtienne très rapidement le statut de pays candidat à l’Union européenne sans pour autant tenir compte des réalités économiques ou de gestion. Elle a également engagé un rapprochement très net entre l’Union européenne et l’OTAN. Or, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que, dans ces cas-là, c’est plutôt l’Union européenne qui fait un pas vers les positions de l’OTAN que l’inverse.

La présidente de la Commission s’est rendue le 10 mars aux États-Unis pour une rencontre avec Joe Biden. Elle espérait obtenir des aménagements concernant l’Inflation Reduction Act, immense projet de 369 milliards de dollars d’investissements, dont de nombreux Européens craignent qu’il ne se traduise par un mouvement massif de délocalisation des industries européennes aux États-Unis. Elle n’a rien obtenu de la part du président américain sans que cela ne suscite une réaction de sa part. Elle a en revanche donné des gages à Joe Biden, dont l’objectif majeur est de rallier les Européens au sein d’une vaste coalition anti-chinoise.

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